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Fig. 158. — Mulet portant le canon de montagne.


mes. Comme le canon lui-même ne pèse que 105 kilogrammes, un seul mulet le porte sans difficulté ; mais il n’en est pas de même pour l’affût, dont le poids total est d’environ 190 kilogrammes. Le colonel de Bange a réussi à résoudre ce problème, en divisant l’affût en deux parties : un mulet porte l’affût sans flèche et sans roues ; un autre mulet est chargé de la flèche, des roues et de la limonière.

Les pièces d’artillerie de montagne sont destinées à être portées à dos de mulet, pour la traversée des montagnes. Les conducteurs, qui ne montent jamais sur les mulets, sont équipés en servants à pied, chaussés de guêtres, au lieu de bottes, et le bas du pantalon en cuir (fig. 158). Ils doivent savoir bâter un mulet et arrimer sur le bât les différentes pièces si compliquées du matériel de montagne. C’est toute une éducation spéciale que reçoivent ces soldats. De plus, en campagne, ils sont armés du mousqueton, et même d’un mousqueton à répétition. Que de fois n’arrivera-t-il pas, en effet, qu’une batterie d’artillerie de montagne ou une section (composée de deux pièces) sera surprise, dans un défilé, au passage d’un col, par un petit détachement ennemi ! Contre la fusillade, l’effet du canon seul ne serait pas suffisant. Les canonniers se transformeront alors en fantassins, et feront le coup de feu, comme de simples tirailleurs.

Ce n’est pas seulement en vue des campagnes hors d’Europe que la France a complété son matériel et spécialisé le personnel de l’artillerie de montagne. La nouvelle diplomatie italienne veut que nos anciens compagnons d’armes de Magenta et de Solférino soient aujourd’hui les défenseurs de la triple alliance, et les serviteurs de la po-