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projectiles. Nous n’avons que trop souffert, en 1870, de l’excessive variété de notre armement. Pendant cette guerre, on apportait des obus Withworth aux batteries de 7, et réciproquement !

Il en est tout autrement dans une place forte ; on peut y employer n’importe quel canon, pourvu que les abris de la place renferment une quantité suffisante de projectiles et de gargousses pour alimenter le tir de cette pièce. Quel que soit le nombre des pièces de divers modèles affectés au service des remparts d’un fort ou d’une place, rien n’est plus aisé que de les approvisionner à coup sûr, avec ordre, sans aucune confusion possible.

L’artillerie française a largement tenu compte de ces considérations. Depuis 1870, tous ses efforts ont été dirigés vers l’artillerie de campagne et vers l’artillerie de siège. N’oublions pas, d’ailleurs, que si par malheur notre territoire était envahi de nouveau, les canons de nos parcs de siège serviraient tout aussitôt à la défense des forts.

D’une façon générale, on peut dire que l’artillerie de place comprend toutes les pièces de gros calibre qui n’ont pas encore été mises hors de service. Il est de toute évidence que l’Etat dépenserait inutilement des sommes considérables, si l’on garnissait de canons neufs et très coûteux les remparts de certaines villes, presque déclassées, et dont, tout au moins, le rôle, en temps de guerre, serait sans importance.

Somme toute, voici la liste complète des bouches à feu qui figurent sur nos remparts : Le canon rayé, en acier, de 95 ; — le canon rayé, en acier, de 120 ; — le canon rayé, en acier, de 155 (long) ; — le canon rayé, en acier, de 220 (long) ; — le mortier rayé, en acier, de 220 ; — le mortier lisse, en bronze, de 32 ; — le mortier lisse, en bronze, de 27 ; — le mortier lisse, en bronze, de 15 ; — le canon rayé, en bronze, de 138 ; — le canon rayé, en bronze, de 24 ; — le canon rayé, en bronze, de 12 ; — le canon rayé, en acier, de 7 ; — le canon rayé, en bronze, de 5 ; — le canon rayé, en bronze, de 8 ; — le canon rayé, en bronze, de 4 ; — le canon obusier, lisse, de 16 ; — les obusiers lisses, de 15 et de 16 ; — la mitrailleuse de Reffye ; — le canon revolver Hotchkiss.

Fig. 166. — Boîte à mitraille du canon revolver.

Nous avons décrit la plupart de ces bouches à feu, soit dans les Merveilles de la science, soit dans les chapitres de ce Supplément consacrés à l’artillerie de campagne et à l’artillerie de siège. Le canon de 138 millimètres, qui entre pour une assez large part dans l’armement de nos places de seconde ligne, n’est autre chose que l’ancien canon de 16 lisse, modifié par le général de Reffye. À l’heure tragique où la France, vaincue et démembrée, redoutait une nouvelle agression, de Reffye eut l’heureuse idée, puisque le temps pressait, de rayer les canons de 16, et de les transformer en canons se chargeant par la culasse. Cet essai, très hardi, fut couronné de succès,