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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/202

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introduit 24 balles sphériques en plomb durci. Chacune de ces balles pèse 32 grammes ; elles sont reliées les unes aux autres à l’aide de sciure de bois ; la cartouche est chargée avec 90 grammes de poudre à canon ordinaire.

Pour les bouches à feu rayées qui étaient en service avant 1870, on s’est contenté de remanier de fond en comble les affûts, et de les approprier au tir, sous des angles de 10 à 27 degrés. En outre, de nouveaux affûts ont été construits pour le tir des pièces placées dans les casemates et dans les tourelles.

Ces pièces sont exclusivement destinées au flanquement des fossés. Nous décrirons, dans une autre partie de cet ouvrage (chapitre X) la fortification actuelle, dite fortification polygonale.

Disons, en passant, qu’autrefois l’abord des remparts était surveillé par les artilleurs installés dans les bastions. Chaque portion de l’enceinte d’une place ou d’un fort était comprise entre deux bastions, pourvus de canons, dont les feux se croisaient, et qui pouvaient tirer à mitraille sur les troupes d’assaut. Aujourd’hui, comme nous le dirons, un petit ouvrage situé dans le fossé, et nommé caponnière, remplace les bastions. La caponnière est protégée par d’énormes revêtements ; elle est même, dans plusieurs forts, surmontée d’une coupole métallique, armée de canons à tir rapide. Les pièces installées au fond des caponnières tirent au ras du fossé, par d’étroites embrasures ; c’est pour cette raison que l’on a dû les fixer sur des affûts spéciaux.

Ces affûts de casemate que nous représentons dans la figure 167 (p. 197) sont entièrement métalliques, le système de pointage se prête au tir depuis l’angle de 10 degrés au-dessous de l’horizon, jusqu’à l’angle de 14 degrés au-dessus de l’horizon. Aussi les canons de casemate sont-ils également utilisés pour la défense de la contrescarpe et pour celle du fossé. Le poids de ces affûts varie de 430 à 500 kilogrammes.

D’autres pièces, empruntées à la marine, sont également affectées à la défense des places. Elles font donc aussi partie de l’artillerie de côtes, dont nous allons entreprendre la description. Auparavant, il nous faut signaler de curieuses expériences faites tout récemment, et qui concernent l’emploi des canons à tir rapide, pour la défense des places et des côtes. Avec l’usage des obus à mélinite, et d’une façon générale, des obus contenant des explosifs, les parapets les plus épais sont voués à une prompte destruction ; c’est tout au plus si les défenseurs d’un fort réussiront à se garer. Quant à rendre coup pour coup à l’artillerie de l’assiégeant, c’est, dès à présent, une prétention tout à fait chimérique. Dans ces conditions, il est clair que l’assiégé bornera son ambition à repousser les troupes d’assaut. Quelle serait alors l’utilité d’une grosse pièce, même si elle est montée sur affût de casemate ou de tourelle et si elle tire, comme le canon de 138 représenté sur la figure 167, par une embrasure où n’atteignent pas les projectiles de l’assiégeant ? Quand l’assiégeant aura plus ou moins réduit au silence les batteries de l’assiégé, les défenseurs n’auront plus à compter que sur les canons à tir rapide, pour prolonger leur résistance.

Des expériences ont été faites à ce sujet, à Lydd, en Angleterre. L’amirauté anglaise avait le projet de remédier à l’infériorité des batteries de côtes, qui, elles aussi, sont presqu’exclusivement armées de canons de gros calibre tirant assez lentement. Ces batteries sont, par conséquent, à la merci d’un hardi coup de main tenté par les compagnies de débarquement de l’escadre ennemie, et les observations qui précèdent s’appliquent aussi bien aux batteries situées le long de nos côtes qu’à celles qui garnissent les terre-pleins de nos forts.