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dans les bâtiments de la cour Henri IV et de la cour des Princes. Les officiers-élèves, qui y reçoivent une instruction très complète (balistique, fortification, art militaire, sciences appliquées, hippiatrique, langue allemande), sortent de l’École polytechnique. Quand ils ont passé deux ans à l’école de Fontainebleau, ils sont promus au grade de lieutenant en second, et répartis entre les bataillons de forteresse, les régiments d’artillerie et les régiments de pontonniers. En outre, le général Thibaudin, quand il était Ministre de la guerre, a créé une école pour les sous-officiers de l’artillerie, du génie et du train des équipages qui aspirent à l’épaulette ; cette école est établie à Versailles.

La section technique de l’artillerie, qui siège à Saint-Thomas-d’Aquin, étudie tout ce qui a trait au perfectionnement du matériel.

Tous les capitaines d’artillerie vont faire un séjour de deux mois à Poitiers, où des officiers supérieurs leur enseignent les méthodes de réglage du tir.

Dans la fonderie de Bourges, l’atelier de Puteaux, et les forges de l’industrie privée on exécute, sous la surveillance de nos officiers, les commandes de l’artillerie.


CHAPITRE IX

fabrication des bouches à feu et des projectiles. — fabrication des bouches à feu en bronze et en acier. — canons en fonte. — bronze uchatius. — fabrication des projectiles dans les forges. — moulage et usinage des bouches à feu.

Le mode de fabrication des bouches à feu varie suivant qu’elles sont en bronze ou en acier ; mais, dans l’un et dans l’autre cas, certaines dispositions, que nous indiquerons plus loin, demeurent identiques.

Jusqu’en 1870, tous les canons furent fabriqués par l’État ; mais aujourd’hui l’État ne possède plus qu’une seule fonderie, qui est établie à Bourges, où l’on ne fabrique même que des canons en bronze ; et comme nous l’avons dit dans les chapitres précédents, le nombre de ces canons est extrêmement restreint.

Tous nos canons en acier sont commandés à l’industrie, qui les fournit forés et trempés. Il ne reste donc plus qu’à les usiner, suivant l’expression consacrée. Cette dernière opération est exécutée dans les ateliers de l’État, à Tarbes et à Puteaux.

L’industrie privée peut produire à meilleur marché que l’État, puisqu’elle ne fabrique pas seulement des canons, mais aussi des rails, des locomotives, des ponts métalliques, des chaudières, etc., tout comme le fait, d’ailleurs, l’usine Krupp, à Essen. Il est clair que si l’État avait été forcé de construire un marteau-pilon comme celui du Creusot, de Saint-Chamond, ou de Rive-de-Gier, les frais de construction et d’entretien de cet énorme engin eussent singulièrement augmenté le prix de revient d’une bouche à feu. Et pourtant, comment obtenir des blocs d’acier convenables, si l’on ne dispose pas d’un outillage perfectionné ? Les tubes d’acier ne prennent la forme propre au forage des canons, qu’après avoir été soumis à un martelage puissant et prolongé.

Pour donner une idée de l’outillage énorme dont dispose l’industrie privée pour la fabrication des bouches à feu, nous représentons dans la figure 192 (page 221) l’atelier des forges de Saint-Chamond contenant le marteau-pilon de 100 tonnes employé pour le martelage d’une barre d’acier destinée à former la masse d’un canon.

Le bronze est un alliage de 100 parties de cuivre et de 11 parties d’étain. On ne l’emploie plus que pour la fabrication des mortiers, bien qu’il offre cet avantage sur l’acier, que le métal étant refondu peut servir à couler de nouvelles pièces.

On fond le bronze dans des fourneaux à réverbère. Quand il est au point, on le coule