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avec des canons soumis aux procédés du général Uchatius, expériences qui réussirent parfaitement et déterminèrent l’emploi du métal désigné aujourd’hui sous le nom de bronze Uchatius.

Il est probable qu’avant peu, l’artillerie française tentera de fabriquer des pièces en bronze Uchatius, car nos arsenaux sont encombrés de pièces en bronze de 4, de 8 et de 12, sans compter les pièces de siège et de place, et que l’on ne voudra pas perdre cette quantité considérable de bronze, qu’il est possible d’utiliser. Si nous avons momentanément renoncé à l’emploi du bronze et presque exclusivement adopté l’acier, c’est que le bronze est trop mou, et ne se prête pas au tir à fortes charges et à trajectoire tendue. Mais le général Uchatius a trouvé qu’en diminuant la proportion d’étain dans la composition du bronze, et en coulant ce nouvel alliage en coquilles, on obtient un bronze infiniment plus résistant. Il sera donc possible, en suivant le procédé autrichien, de tirer parti de notre vieux matériel de bronze.

Qu’elles soient en bronze, en acier ou en métal Uchatius, les pièces doivent, après leur fabrication, être mesurées avec une exactitude absolue. Les capitaines d’artillerie attachés à ce service vérifient tous les ans, au mois d’octobre et au mois d’avril, le bon état de leur matériel. Pour mesurer le calibre, on se sert de l’étoile mobile.

L’étoile mobile est une hampe cylindrique en laiton, pourvue d’une tête en acier à quatre pointes et de deux supports mobiles. Deux des pointes de la tête sont vissées sur ces supports mobiles ; les deux autres pointes sont fixes. Deux cylindres en acier, reliés par une pièce d’acier à une tringle faite du même métal, et qui traverse la hampe suivant son axe, guident les supports mobiles. Les axes de ces cylindres sont inclinés à angle égal sur l’axe de la tringle. Il en résulte que, si l’on avance ou recule la tringle, on écarte ou rapproche les deux pointes mobiles de la tête. Si la tringle avance d’un centimètre, les pointes ressortent d’un millimètre. Il est alors très facile de constater qu’une bouche à feu a le diamètre réglementaire, et dans le cas contraire, d’estimer à un dixième de millimètre près les détériorations qui se sont produites.


Les projectiles de l’artillerie française sont en fonte de fer ; on se sert de préférence de fonte dite truitée, c’est-à-dire de fonte intermédiaire entre la fonte grise et la fonte blanche ; en effet la fonte grise est trop molle et la fonte blanche trop cassante. Prenons, par exemple, le coulage d’un obus de 90. On en possède un modèle en acier (fig. 193) autour duquel on place un châssis en fonte. Entre le modèle et le châssis, on jette du sable à mouler, dont nous avons donné la composition en décrivant la fabrication des canons. Cela fait, on retire le moule, que l’on badigeonne avec un mélange d’argile et de poussière de charbon, afin d’empêcher l’adhérence de la fonte au moule. On grille le moule, en l’exposant, à l’intérieur, à l’action prolongée de charbons ardents.

Il faut alors procéder au remmoulage, c’est-à-dire placer le noyau sur son axe, dans la position précise qu’il doit occuper à l’intérieur de l’obus. On fait arriver la fonte liquide, dans le moule, par la partie inférieure de ce moule ; comme, dans la fonte des canons, les crasses et les bulles d’air se dirigent vers la partie supérieure, et l’on n’a plus qu’à laisser refroidir.

Les projectiles sont livrés aux arsenaux par l’industrie privée. Il faut alors les calibrer, puis les graisser, avec un mélange de suif de mouton, de savon de Marseille et de sulfate de cuivre, enfin, les garnir de leurs ceintures de plomb.