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militaire, publiait la description de son fusil, dont le calibre n’est que de 7 millimètres et demi.

La vitesse initiale du projectile du fusil Hébler est de 560 mètres par seconde ; le poids de la cartouche est de 14gr,60 ; l’arme elle-même ne pèse que 4 kilogrammes et demi. Le soldat armé de ce fusil pourrait donc emporter 140 cartouches, alors que l’homme muni du fusil Mauser n’en pourrait prendre que 80. La supériorité du premier frappe les yeux ; il n’est pas besoin de théories pour faire saisir la valeur de comparaisons aussi éclatantes.

C’est en Espagne qu’on fit, pour la première fois, des essais de tir avec le fusil Hébler. Plus tard, l’Angleterre expérimenta le fusil Magee, dont la balle, du calibre de 10 millimètres et du poids de 25 grammes, perçait, à 180 mètres, une plaque de fer de 6 millimètres d’épaisseur.

L’infanterie norvégienne emploie, depuis 1882, le fusil à répétition Jarhman.

Aucun de ces fusils ne donne les mêmes résultats que le fusil Hébler, dont la balle, à 400 mètres de distance, traverse dix planches de 3 millimètres d’épaisseur chacune.

À ceux qui objectent qu’une balle de 7 millimètres et demi n’occasionnerait pas de blessures sérieuses, M. Hébler répond par l’anecdote personnelle suivante : « Je tirais sur une cible située à 900 mètres ; un de mes amis, M. Wengi, qui relevait les coups, resta malheureusement derrière la cible, et fut atteint au bras. La balle n’avait pas touché l’os ; mon ami fut, cependant, malade pendant trois mois. »

Voilà, en effet, un exemple décisif, et la plupart des inventeurs seraient fort empêchés d’en invoquer un pareil à l’appui de leur thèse !

Est-ce à dire que le fusil Hébler soit un modèle idéal ? Nous ne le pensons pas. Le fusil français modèle de 1886, que nous décrirons dans un des chapitres suivants, est doué de qualités aussi remarquables.

Ce n’est pas tout, en effet, que de fabriquer un fusil et une cartouche, il faut encore remplir toutes sortes de conditions : la balle ne doit pas se déformer, ni dévier de la trajectoire ; la poudre ne doit pas encrasser le tonnerre, ni l’âme du fusil ; il ne faut pas que le recul soit trop fort. La plupart de ces problèmes ne sauraient être traités à l’aide de formules rigoureusement mathématiques. Il est, en tout cas, impossible d’établir ce que l’on pourrait appeler l’équation complète du fusil. On tâtonne, on cherche à tout concilier, et c’est grâce à une foule de raisonnements, qu’il serait trop long d’énumérer ici, que l’on est arrivé à ces conclusions : faire un fusil à répétition du calibre 7 à 8 millimètres, tirant une cartouche métallique, composée d’une balle entourée d’une chemise d’acier et d’une charge de poudre comprimée.


CHAPITRE II

le fusil à répétition, ses avantages.

Nous disons dans l’énoncé général qui précède, qu’il faut, avec le fusil de petit calibre, adopter le mécanisme à répétition. En effet, ces deux éléments se commandent l’un l’autre, et se combinent d’une façon nécessaire.

Nous avons mis en évidence les avantages du fusil de petit calibre, et signalé les études dont cette question a été l’objet. Parlons maintenant de l’utilité que doit présenter, dans la guerre, la faculté de mettre à la disposition du soldat un nombre considérable de cartouches, qui lui évitent le soin de recharger son arme, et lui permettent, à un moment donné, de tirer un nombre énorme de coups, en peu de temps.

Si l’on substitue au fusil de gros calibre (11 millimètres) un fusil de petit calibre