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Un général français écrivait en 1883 : « Un fusil médiocre entre les mains de tireurs habiles et bien commandés produira, toutes choses égales d’ailleurs, des effets supérieurs à ceux d’une arme parfaite entre les mains de tireurs maladroits et mal commandés. »

Il n’en faut pas d’autre preuve que celle-ci :

En 1870, l’infanterie française était armée du fusil Chassepot, qui était infiniment supérieur au fusil Dreyse ou Mauser, dont l’infanterie prussienne était pourvue.

Un écrivain allemand s’exprime à ce sujet en ces termes :

« Le fusil Chassepot portant très loin, l’infanterie allemande se voyait obligée d’ouvrir, elle aussi, le feu à des distances relativement considérables, et d’entretenir un feu plus vif qu’elle n’avait coutume de le faire. »

Seulement, nous n’avions pas assez préparé nos troupes, ainsi que leurs cadres, et la tactique des feux était alors à peu près à l’état de néant. C’est pour cela qu’en dépit de la supériorité de notre fusil Chassepot sur le fusil Dreyse ou Mauser, dont les Prussiens faisaient usage, nous n’avons eu que rarement l’avantage dans les batailles, les combats ou les sièges.

Aujourd’hui, la tactique a été forcément transformée. Les colonnes d’attaque profondes et larges ont été supprimées. Puisqu’on a le moyen de tirer vingt coups par minute, et de mettre cinquante balles sur cent dans le but, on est bien obligé d’adopter l’ordre dispersé, et de soustraire, en les éparpillant, les soldats au tir, trop bien réglé et trop fréquent de leurs adversaires. Cela est si vrai qu’à la bataille de Solferino, nous n’eûmes qu’un homme hors de combat pour 700 coups de fusil tirés par les Autrichiens, tandis qu’en 1870, on a eu un blessé pour 300 coups de fusil tirés par les Allemands.


Fig. 211. — Vue extérieure du fusil Gras.