Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pense nécessitée par une transformation ainsi radicale de l’armement leur parût excessive, soit que leur choix ne fût pas encore bien arrêté.

Quand on apprit, au mois de février 1887, que le gouvernement allemand convoquait 100 000 réservistes, pour leur faire apprendre le maniement du fusil à répétition, l’émotion fut profonde en France, et dans toute l’Europe. Toutes les puissances qui avaient hésité jusque-là à substituer le fusil à répétition au fusil ordinaire à aiguille furent, en quelque sorte, obligées, sous la pression de l’opinion publique, de renouveler leur armement. Et le renouvellement de l’armement d’une nation, comme la France, n’est pas chose de mince importance ; car il ne demande pas moins de 500 millions de dépenses, et exige un temps considérable, pour sa fabrication dans les manufactures de l’État.

Nous avions déjà commencé, dans nos manufactures de Tulle et de Saint-Étienne, la fabrication du fusil modèle de 1886, mais on comprit, à l’annonce de l’adoption du fusil à répétition en Allemagne, qu’il n’y avait plus une minute à perdre, et qu’il fallait, par tous les moyens possibles, activer cette fabrication. La lutte engagée entre les différentes nations de l’Europe est à l’état tellement aigu, bien qu’elle ait, momentanément, un caractère pacifique, que nul ne doit laisser prendre l’avance à son voisin. Dans vingt ou trente ans, quand on aura découvert quelque nouvel engin de destruction, canon ou fusil, tout sera peut-être à recommencer, et le matériel actuel des armées d’Europe ne sera plus qu’une vieille quincaillerie ; on créera un armement non encore soupçonné, et les nations continueront de jeter des milliards dans le gouffre sans fond du budget de la guerre. Mais, en attendant, il faut parer aux dangers actuels.

En ce qui concerne la transformation de l’armement en Europe, c’est la France qui a pris les devants, et le fusil qu’elle possède et que nous avons décrit est bien supérieur au fusil allemand.

C’est ce qui sera établi à la fin de ce chapitre.

On a prétendu un moment que les Allemands se contentaient de modifier provisoirement le fusil Mauser, qui était en service depuis 1871, en lui adaptant un chargeur, et qu’ils se réservaient de fabriquer plus tard un fusil à répétition de petit calibre, construit, ajoutait-on, sur des plans du professeur Hébler, de Zurich. C’était une double erreur. Le gouvernement allemand a si peu cherché à réaliser une économie que pas une seule des pièces de l’ancien fusil n’a été utilisée pour la fabrication du nouveau fusil, dont il est temps de donner la description.

Le fusil Mauser à répétition, ou fusil allemand, comprend : une monture en bois de noyer, une culasse mobile, un canon en acier, un mécanisme de répétition et les garnitures.

La figure 225 représente ce fusil au moment où la culasse mobile est fermée ; alors, une cartouche sortie du magasin a été transportée par l’auget A, jusque dans la chambre, le soldat peut faire feu. En même temps, une autre cartouche est venue se loger dans l’auget.

La figure 226 montre le fusil au moment où la culasse mobile est ouverte. L’auget, A, qui s’est soulevé a poussé une cartouche b dans la chambre, et quand l’auget sera redescendu, la cartouche viendra s’y placer.

Comme on le voit sur nos deux dessins, la partie inférieure de la boîte de culasse, qui affecte une forme rectangulaire, contient tout le mécanisme de répétition. Le magasin dans lequel sont renfermées huit cartouches est un tube en tôle d’acier, parallèle au canon du fusil, et situé au-dessous de ce canon, dans la monture. À