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une petite saillie empêche l’auget de s’élever trop haut. Quand on ouvre la culasse, l’extracteur entraîne l’étui vide ; une targette D, dont la partie supérieure est repoussée par le butoir de la culasse, relève alors l’auget, qui présente une cartouche à l’entrée de la chambre. Le tireur referme la culasse, et pousse ainsi la cartouche dans la chambre ; l’auget redescend, et le ressort à boudin, B, renvoie la première cartouche b dans l’auget. Le tir continue ainsi, jusqu’à ce que le magasin soit vide.

On a dit, dans quelques journaux étrangers, que les expériences faites jusqu’à présent avec ce fusil n’avaient pas donné des résultats excellents ; le mécanisme de répétition ne marcherait pas dans des conditions convenables et s’encrasserait trop rapidement. Nous reproduisons ces critiques sous toutes réserves. Les officiers, pas plus en Allemagne qu’en France, n’ont l’habitude de communiquer leurs impressions aux journaux.

Quoi qu’il en soit, une bonne partie des contingents allemands est pourvue du fusil Mauser.

Il n’est pas difficile, pourtant, d’établir que le fusil Mauser à répétition est bien inférieur au fusil français modèle de 1886.

D’abord, le nouveau fusil allemand a 11 millimètres de calibre, et nous avons établi plus haut que le fusil de petit calibre (7 ou 8 millimètres) jouit de propriétés balistiques (portée, hauteur et précision du tir) bien supérieures à celles du fusil de gros ou de moyen calibre.

Si l’on veut s’assurer, par d’autres comparaisons, de la supériorité du fusil français sur le fusil allemand, on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur le tableau suivant :

  Fusil Mauser. Fusil Lebel.
Poids du fusil 
4k,600 4k,100
Calibre 
11 millim. 8 millim.
Poids de la cartouche 
33 grammes 29gr,7
Vitesse initiale 
410 mètres 625 m.
Portée maximum 
2 000 m. 3 000 m.

Le fantassin français porte 118 cartouches sur lui ; le fantassin allemand n’en a que 100 ; la différence est sensible.

Les Allemands se sont efforcés, pour compenser autant que possible une évidente infériorité, de simplifier jusqu’à l’excès les opérations préliminaires de la charge, afin d’obtenir, le cas échéant, une extrême rapidité de tir ; et d’autre part, ils multiplient les séances de tir, afin de familiariser leurs soldats avec le maniement du fusil à répétition, et d’éviter, sur le champ de bataille, le gaspillage des munitions. Il faut reconnaître qu’ils avaient obtenu ce résultat, avec le fusil Mauser ordinaire, en 1870, et que la régularité, aussi bien que la parfaite exécution de leur tir, nous ont alors coûté bien cher.

Il est intéressant de voir comment les Allemands pratiquent le tir, d’autant plus que d’importantes modifications ont été consacrées par le règlement du 1er septembre 1888. Dans l’Avant-propos de ce nouveau règlement, l’empereur Guillaume II s’exprime en ces termes :

« Tout manquement aux prescriptions de ce règlement sera sévèrement réprimandé. Je réprimerai, sans considération, par la mise à la retraite toute résistance à cette expression de ma volonté.

« Au commandement : Au magasin ! Bataillon, pour charger ; chargez ! Soulever l’arme de la main droite et l’abattre en avant. Saisir l’arme de la main gauche vers le centre de gravité, le pouce étendu sur le fusil. Le guidon environ à hauteur de l’œil, le bord inférieur de la crosse à un travers de doigt au-dessus du bord supérieur de la cartouchière droite. Poser le bras droit sur le bord extérieur de la crosse. Tourner la tête vers le chien, saisir le levier de la main droite, tourner le cylindre vers la gauche et le ramener en arrière, d’un seul coup et avec vigueur. Porter la main à la cartouchière, saisir une cartouche, l’introduire dans le magasin et continuer jusqu’à ce que le magasin soit rempli. La 9e cartouche n’entre plus dans le magasin, mais elle est ramenée par le ressort à boudin dans l’auget.

« Ramener la culasse en arrière pour relever l’auget avec la cartouche. Pousser la culasse mobile contre le canon et rabattre le levier à droite. »