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journal La France militaire, est ingénieux et mérite une mention.

Nous représentons cette arme dans la figure 232. Son mécanisme de répétition diffère des autres par cette particularité très curieuse : le tireur peut continuer le tir à répétition sans cesser d’épauler et sans déplacer la main droite. On augmente ainsi notablement la rapidité du tir, tout en diminuant la fatigue du soldat. La première de ces considérations nous touche médiocrement, puisque sur le champ de bataille le soldat ne sera déjà que trop enclin à gaspiller ses munitions ; mais la seconde a une valeur incontestable.

Le chargement de l’arme se fait en vrac, de telle sorte que, lorsque le magasin est épuisé, il est possible de le regarnir sans déplacer l’arme.

Le magasin, A, est placé sur le côté gauche de la boîte de culasse, et il tourne autour d’une charnière, F, qui permet de mettre le mécanisme à nu. Composé d’une boîte en tôle d’acier, qui contient six cartouches, il est muni d’un couvercle, E, maintenu par un ressort, qui assure l’adhérence du magasin à la boîte de culasse, au moyen d’un bouton-arrêtoir. La partie postérieure du magasin et du couvercle forme une sorte de gueule, par laquelle on introduit les cartouches, pour le tir coup par coup. Le distributeur ne forme qu’une seule pièce ; il comprend le transporteur et l’auget.

Quand le magasin est vide, le soldat, ainsi qu’il est dit plus haut, ne cesse pas d’épauler, et de sa main gauche il vide dans le magasin un paquet de six cartouches empaquetées d’une façon spéciale.

On a fait, avec ce fusil, quelques expériences au polygone de Langres, où M. Rubin était en garnison, et l’on a constaté que la durée du chargement du magasin n’excédait pas huit secondes. En tirant vingt balles par minute, à une distance de 50 mètres, sur un panneau de 1 mètre de côté, des tireurs exercés ont réussi à mettre les vingt balles dans le panneau, tandis qu’ils n’en mettaient que treize avec le fusil Gras.

Si l’on veut avoir une idée exacte des travaux de tout genre qu’exige la transformation de l’armement d’une nation, que l’on parcoure l’aperçu sommaire que nous allons donner des recherches faites par l’ordre du gouvernement suisse. Dans ce pays, où la guerre de montagne est imposée par la configuration du sol, l’infanterie joue naturellement le rôle tout à fait prépondérant, et le soldat de la Confédération helvétique, s’il avait à défendre les défilés des Alpes, devrait avoir fréquemment recours au tir à répétition.

Aussi, dès 1882, le département militaire fédéral avait-il chargé le chef de l’Infanterie de commencer des études relatives à l’adoption d’un nouveau fusil. En 1886, cette mission fut transférée à un comité spécial, présidé par le colonel Feiss, et dont faisaient partie M. Amsler, professeur à Schaffhouse, six colonels, deux députés aux États et un conseiller national. Après une longue série d’études et d’expériences pratiques, cette commission s’est prononcée en faveur d’un nouveau fusil à répétition, de petit calibre.

Déjà, en 1881, le major Rubin, alors directeur de la fabrique de munitions de Thoune, avait présenté au département militaire fédéral un fusil, du calibre de 9 millimètres, qui tirait une balle, revêtue d’un manteau de cuivre. Les expériences faites avec ce fusil conduisirent bientôt à la fabrication d’armes des calibres de 8 millimètres et même de 7mm,5. En même temps, on reconnaissait qu’il serait impossible d’utiliser pour la fabrication du nouveau fusil aucune pièce du Westerli, qui était alors en service.

Vers la même époque, le professeur Hébler, de Zurich, dont nous avons déjà mentionné le beau travail, présentait une balle à revêtement d’acier, dont l’emploi paraît ex-