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cent soixante-seize hommes ; il faut donc fabriquer cent cinquante mille fusils, soit une dépense de 12 millions de francs pour la fabrication de l’arme elle-même, et de 5 millions pour l’approvisionnement en cartouches, à raison de 300 cartouches par soldat.

Le conseil fédéral a décidé, en 1889, qu’il solliciterait du peuple suisse, en 1890, les crédits nécessaires à la transformation de son armement.


CHAPITRE VIII

les fusils en russie, en allemagne, en italie, etc.

Les dépenses énormes qu’exige le renouvellement de l’armement d’une nation deviennent un obstacle insurmontable, si cette nation comporte une armée active de plus d’un million d’hommes. Tel est le cas de la Russie, et l’on comprend que le Czar hésite à entreprendre cette réforme militaire. Le gouvernement a décidé, jusqu’à ce jour, de ne point modifier son armement. Il ne manque pas, d’ailleurs, en Russie, d’officiers très distingués et avantageusement connus par leurs publications militaires, qui blâment l’emploi du fusil à répétition. Il ne nous appartient pas d’entrer dans les détails de cette polémique, ni d’essayer de résoudre une question aussi controversée. Constatons seulement que, parmi les armées européennes, l’une des plus puissantes s’en tient encore au fusil ordinaire, c’est-à-dire à percussion centrale et à décharges successives. C’est le cas de répéter le titre de la comédie de Diderot : A-t-il tort, a-t-il raison ?

Après de longs tâtonnements, l’Italie a adapté le petit calibre à son fusil Westerli, muni d’un chargeur, de M. Westerli.

L’Angleterre avait fabriqué, en 1883, plus de cent mille fusils de Magée, contre-maître à la manufacture d’armes d’Enfield. Mais les effets de cette arme ont paru peu satisfaisants, puisqu’on a fait transformer cette arme en fusil Martini, tirant coup par coup.

Le fusil à répétition n’a donc pu s’introduire, ou du moins persister en Angleterre. Chez nos voisins, l’armement de l’infanterie est aussi imparfait, aussi fautif, que celui de l’artillerie. Les fabricants d’armes de ce pays se sont si bien gâté la main, à fabriquer et à vendre aux nègres des fusils de pacotille, qu’ils ne savent plus se faire, pour eux-mêmes, de bons fusils de guerre.

Le dernier fusil belge est du système autrichien. C’est un Mannlicher perfectionné, et tirant à répétition, avec sécurité.

L’Espagne, qui possède un énorme approvisionnement de fusils Remington, modèle de 1871, s’occupe de les transformer en armes de répétition. Un chargeur, inventé par deux de ses officiers, MM. Freyre et Brüll, est adapté à ce fusil.

Le gouvernement portugais a adopté, en 1887, un fusil Mauser à répétition et de petit calibre (8 millimètres) fabriqué par l’usine d’Oberndorf-sur-Neckar. Cette arme pèse 4 kil. 550, et 4 kil. 867 avec son approvisionnement de dix cartouches. Le poids de la cartouche est de 35gr,2, dont 16 grammes pour la balle enveloppée de cuivre, qui est animée d’une vitesse initiale de 532 mètres. La hausse est graduée jusqu’à 2 200 mètres.

La même usine d’Oberndorf fournit au gouvernement turc des fusils Mauser à répétition de petit calibre (9 millimètres).

Le Danemark a adopté, en 1887, un fusil du calibre de 8 millimètres.

La nouvelle arme danoise est à chargeurs,