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lavages. Dès lors, si l’on prépare un papier contenant un mélange de bichromate de potasse et de gélatine, et qu’à ce mélange on ajoute une poudre insoluble dans l’eau, c’est-à-dire non impressionnable à la lumière, du charbon, par exemple, on aura un papier sur lequel s’imprimera fidèlement le modèle primitif.

Si, en effet, on expose une feuille de papier enduite de gélatine colorée par de la poudre de charbon, sous un cliché négatif, qu’on l’expose à la lumière un temps suffisant, et qu’on lave ensuite à l’eau tiède, la gélatine se dissoudra dans les parties que les noirs du cliché auront protégées contre les rayons lumineux, et entraînant avec elle la poudre colorée, elle laissera apparaître la surface blanche du papier. Au contraire, dans les parties claires qui ont reçu la lumière, la gélatine, devenue insoluble, reproduira par la couleur noire du charbon les ombres du modèle, après le lavage.

Pour préparer le papier au charbon, on fait dissoudre 200 grammes de gélatine dans un litre d’eau chaude, et on la mélange avec de la poudre de charbon. On étend ce mélange sur le papier, et on applique ce papier sur une glace bien horizontale disposée préalablement. Quand ce mélange adhère suffisamment au papier, on enlève la feuille, et on la fait sécher. Il faut ensuite sensibiliser le papier, en le trempant dans un bain de bichromate de potasse à 5 pour 100, en opérant dans l’obscurité.

Cependant on n’a pas en général la peine de préparer soi-même son papier : on le trouve dans le commerce. Quand on veut s’en servir, on n’a qu’à le sensibiliser, en le faisant flotter sur une dissolution de bichromate de potasse ou de chromate d’ammoniaque, à 3 pour 100 d’eau, et en opérant dans l’obscurité.

On laisse flotter le papier trois minutes, et on le laisse sécher dans l’obscurité. Il faut seulement se servir des feuilles sensibilisées dans les 24 heures ; car au bout de quelque temps, le mélange de bichromate et de gélatine devient insoluble spontanément.

Dans le tirage au charbon, la durée de l’exposition à la lumière est environ moitié plus petite que dans le tirage au papier à chlorure d’argent. Il y a seulement dans le tirage au charbon une particularité à signaler. La couche sensible ressemble à une toile cirée, et ne laisse apparaître d’image qu’au moment du fixage. On ne peut donc suivre les progrès de la venue de l’épreuve. Pour se rendre compte du temps nécessaire au tirage, il faut se servir d’un photomètre.

Le photomètre de Vidal est le plus employé par les photographes dans l’industrie qui nous occupe.

Le photomètre de M. Léon Vidal est fondé sur les colorations successives que prend un papier au chlorure d’argent, selon l’intensité de la lumière qui le frappe. On prend des bandes de papier recouvertes de chlorure d’argent, dans l’obscurité, et on les expose à la lumière du jour, un temps variable, de manière à obtenir toutes les nuances, depuis le brun-clair jusqu’au plus foncé. On compare ces teintes avec celles obtenues avec le papier bichromaté fourni par le commerce. Après un ou deux essais préalables, on sait que l’exposition précise d’un cliché doit correspondre à telle ou telle teinte, pour donner une bonne épreuve avec le papier bichromaté. On note sur le cliché le numéro qui correspond à cette teinte, et on opère à coup sûr, avec le papier chromaté.

Il y a, dans le procédé au charbon, un grand inconvénient : c’est que, dans les demi-teintes, la couche de gélatine ne subissant qu’imparfaitement l’action de la lumière n’est insoluble qu’à la surface, et que la partie profonde du mélange, n’ayant pu être attaquée, se dissout, pendant qu’on