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Fig. 270. — Coupe de la torpille Whitehead.


namite. Un percuteur à plusieurs pointes, en frappant une amorce, à l’intérieur, détermine l’explosion de la dynamite. Dans le compartiment d’arrière se trouve une petite machine à trois cylindres, actionnant l’hélice. Cette machine est mue par de l’air comprimé, emmagasiné dans le compartiment du milieu : elle est mise en marche, aussitôt que la torpille est projetée hors du tube lance-torpille, par un doigt métallique, qui est accroché au passage, et qui ouvre le robinet de communication avec le réservoir d’air comprimé.

Un autre appareil du même genre permet de déterminer à l’avance le temps au bout duquel la machine s’arrêtera, et comme la torpille remonte alors à la surface, on peut régler ainsi son trajet à cinquante, cent, deux cents mètres, par exemple, de manière à savoir où elle émergera après le tir. Un troisième dispositif permet, au contraire, de la faire couler à fond, si elle accomplit son trajet sans avoir éclaté, ce qui deviendrait nécessaire en cas de combat, pour que l’ennemi ne pût repêcher les torpilles perdues.

On voit donc que la torpille automobile a les propriétés suivantes :

1° Elle marche d’elle-même, dans la direction où elle a été lancée, à une vitesse d’environ 40 kilomètres à l’heure.

2° Elle éclate aussitôt qu’elle choque le but, même dans une direction assez oblique.

3° Si ce but est manqué et qu’on ait réglé l’appareil en conséquence, la torpille coule à fond, de manière à échapper à l’ennemi.

4° Si, au contraire, on ne fait que de simples exercices à blanc, sans charge explosive, la torpille remonte à la surface de l’eau, son trajet accompli, et l’on règle à volonté la longueur de ce trajet, en amenant un index en regard du chiffre correspondant.

Mais toutes ces propriétés si remarquables seraient inutiles si la torpille ne satisfaisait pas à une dernière condition, la plus importante de toutes : celle de se maintenir entre deux eaux, à la profondeur voulue pour atteindre le navire ennemi, dans ses œuvres vives. Supposons, par exemple, que le navire à torpiller ait un tirant d’eau de 10 mètres. Il est clair que la torpille passera sous sa quille, sans éclater, si elle s’enfonce à plus de 10 mètres. Il faudra qu’elle frappe en pleine carène, à 4 ou 5 mètres de profondeur, pour produire tout son effet.

La torpille automobile possède encore cette propriété, indispensable, de se maintenir d’elle-même au niveau pour lequel on l’a réglée. Le mécanisme employé à cet effet a été longtemps le secret de l’inventeur. Il est connu aujourd’hui, et nous allons l’expliquer sommairement.

Le mécanisme est placé dans le second compartiment, à partir de l’avant, et se compose essentiellement d’un pendule, ou balancier, relié par une tringle à un gouvernail horizontal, placé à l’arrière de la torpille, à la suite des hélices.

Ceci posé, supposons que la torpille tende à remonter à la surface en prenant la position inclinée ci-après (fig. 271), le pendule P reste vertical, à cause de son poids, mais il a repoussé la tringle T vers l’arrière, et celle-ci a fait tourner le gouvernail G, qui, en prenant la position indiquée dans la figure, va faire dévier la marche dans le sens