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de la flèche, c’est-à-dire ramener la torpille vers le fond.

Fig. 271.


Si, au contraire, la torpille prend la position ci-dessous (fig. 272), le pendule, toujours vertical, agit maintenant de manière à tirer la tringle T vers l’avant ; le gouvernail G prend la position opposée, et son action tend à faire remonter la torpille vers la surface.

Fig. 272.

Tel est le principe du mécanisme régulateur. D’ingénieuses dispositions accessoires en assurent la complète efficacité. Mentionnons, notamment, le piston relié au pendule et qui amortit les mouvements trop brusques de celui-ci, puis le système de réglage qui permet de déterminer la profondeur dont la torpille ne devra pas s’écarter.

La torpille Whitehead a 5m,80 de long ; son poids est de trois cents kilos environ, et sa flottabilité de 9 kilos, c’est-à-dire qu’au repos elle flotte à la surface de l’eau, et qu’il faut l’action combinée de l’hélice et du gouvernail horizontal, pour la maintenir entre deux eaux.

L’inventeur, M. Whitehead, a créé, à Fiume, en Autriche, une usine, où il construit les torpilles qu’il fournit aux différents gouvernements. Chaque torpille Whitehead coûte environ 10 000 francs.

Voyons maintenant la manière de faire usage de ce terrible engin.

La torpille automobile étant placée sur le pont du navire-torpilleur, on se met en devoir de la lancer dans le tube lance-torpille. C’est cette opération que l’on a vue représentée dans la figure 269 (p. 328).

Portée par une enveloppe de toile, la torpille est suspendue par des chaînes, à une potence, placée sur le côté du torpilleur. Deux hommes la dirigent en face de la culasse du tube, qui s’ouvre devant la guérite du poste-vigie, puis la poussent dans son logement. C’est une petite charge de poudre qui lance, par son explosion, la torpille hors du tube. Cette charge n’a que la force nécessaire pour pousser la torpille hors du tube ; on voit donc aisément celle-ci s’élancer dans l’eau.

Feu ! commande le capitaine… On entend un bruit sourd : au milieu d’un petit nuage de fumée, la torpille s’élance dans la mer, où on la voit s’enfoncer, comme un marsouin (fig. 273). Le remous de son hélice permet de suivre du regard, à la surface des eaux, sa marche mystérieuse. On perd sa trace, mais déjà elle est remontée à la surface… Les yeux perçants des marins l’ont aperçue : elle forme un petit point noir, à trois cents mètres, la distance exacte pour laquelle on l’avait réglée.

S’il s’agit d’un simple exercice de tir, on va la repêcher.

C’est cette opération que représente la figure 274 (p. 332). Deux hommes descendent dans un canot, la torpille est amarrée, puis suspendue à la potence, enlevée et replacée dans le tube lance-torpille, pour une nouvelle expérience.

Quelquefois, la torpille est perdue de vue, ou bien elle ne remonte pas à la surface. Dans ce cas, il faut draguer le fond, pour la retrouver. Mais cet accident est rare. Tout au contraire, on sait déterminer avec précision la direction et la longueur du trajet de la torpille.

Les marines militaires possèdent donc