Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la profondeur, fixée d’avance, est atteinte ; et les fait agir de nouveau lorsque le bateau tend à remonter.

Pour donner passage à la torpille, la partie avant du bateau s’ouvre et fait bascule.

L’équipage se compose de 6 hommes, y compris le capitaine. Les expériences ont prouvé que ce bateau sous-marin peut rester, sans inconvénient, pour les hommes ni pour les machines, plus de six heures, à la profondeur de 5m,30, grâce au grand volume d’air qui est emmagasiné dans sa coque.

Deux autres ingénieurs anglais, MM. Chapman et Bright, ont mis en chantier un bateau sous-marin. Comme MM. Wadington et Nordenfeldt, MM. Chapman et Bright emploient pour produire la vapeur dans les chaudières un mélange d’essence de pétrole et d’oxygène, comprimé à 80 atmosphères, qui brûle, soit dans le foyer d’une chaudière ordinaire à vapeur, soit dans une machine spéciale à gaz. L’immersion s’obtient au moyen d’une pompe centrifuge qui introduit l’eau dans la cale, ou la rejette à l’extérieur, par deux tubes. La profondeur de l’immersion est automatiquement contrôlée par un appareil électrique.

L’Allemagne n’est pas restée en arrière du mouvement qui pousse les nations des deux mondes à des recherches concernant la navigation sous-marine. On a essayé, en 1888, à Wilhemshaven, puis à Dantzig, un torpilleur sous-marin, d’une capacité considérable, car il n’a pas moins de 35 mètres de longueur. Il filerait, dit-on, douze nœuds, et pourrait parcourir une étendue de 900 milles sans renouveler son charbon. Il pourrait descendre à une profondeur de 13 mètres.

L’appareil d’immersion consiste en deux propulseurs verticaux, mis en mouvement par une machine à vapeur de six chevaux, à double cylindre. Le degré d’immersion est réglé par un réservoir, d’une capacité de cinq tonnes d’eau. Son armement consiste en un canon à tir rapide. Trois torpilles sont placées sur le pont, et sous le pont, deux autres torpilles mobiles peuvent être lancées par les moyens en usage.

Il y a là bien des singularités ; et l’on nous paraît demander ici à la mécanique beaucoup plus qu’elle ne peut accorder.

Hâtons-nous de dire qu’aucun de ces bateaux sous-marins dont nous venons de parler, pas plus le Gymnote, que le Goubet ou le Péral, n’ont fait l’épreuve décisive d’une navigation prolongée. Tout s’est réduit, pour eux, à des expériences dans les ports, expériences qui ne sont pas suffisantes pour tirer une conclusion certaine sur l’efficacité pratique de ces nouveaux engins.

En résumé, la navigation sous-marine, qui menacerait si gravement les marines militaires de toute nature, sera peut-être créée un jour, mais ce jour n’est pas encore venu.


CHAPITRE VIII

forces actuelles des marines militaires européennes. — comment l’allemagne a créé sa flotte de guerre. — ce que coûte l’organisation d’une marine. — la marine allemande. — effectif de la flotte allemande. — la marine anglaise. — la marine italienne. — la flottille russe de la mer noire. — forces navales des autres nations de l’europe et des états-unis.

Arrivons à la description des forces actuelles des nations militaires de l’Europe.

En 1870, la France et l’Angleterre possédaient une puissante marine militaire, tandis que l’Allemagne ne disposait encore que de quatre vaisseaux cuirassés, et d’une dizaine de bâtiments de guerre, de moindre tonnage. Les Prussiens avaient pourtant reconnu, dès 1864, qu’il était urgent pour eux de renouveler un matériel presque