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À bord du Redoutable, le fort central est en ressaut, ce qui a permis de construire des sabords d’angle, pour que les pièces du réduit central puissent battre tout l’horizon, les pièces de l’avant tirant de l’avant au travers, et les pièces de l’arrière tirant du travers à l’arrière.

C’est là un perfectionnement sur l’artillerie du Richelieu et du Suffren, dont les angles de chasse et de retrait dans la batterie sont limités.

Le Redoutable a 95 mètres de long, 20 mètres de large, 7 mètres de tirant d’eau. Il déplace 9 200 tonneaux. Sa machine à vapeur, de la force de 6 000 chevaux, lui donne une vitesse de 14 nœuds, 5 ; Sa cuirasse métallique a 33 centimètres d’épaisseur. Son artillerie se compose de 4 canons de 27 centimètres, un à l’avant, le second à l’arrière, et les deux autres au-dessus du fort central, tirant dans toutes les directions.

Le Duguesclin (fig. 298) a 84m,30 de longueur, 81m,60 à la flottaison. Sa largeur est de 17m,45. Il a 7m,75 de creux. Le tirant d’eau moyen du plan est de 7m,10, le tirant d’eau arrière de 7m,70. Le déplacement total représente 5 869 tonneaux.

Sa mâture est celle d’un brick. La surface de voilure est de 2 247 mètres carrés.

Les machines à vapeur, du système Compound, sont à trois cylindres verticaux : elles proviennent de l’établissement d’Indret. Il y a 8 corps de chaudières, avec 16 foyers, mettant en mouvement deux hélices.

Le Duguesclin est protégé par une ceinture cuirassée à la flottaison, d’une épaisseur de 25 centimètres au milieu, de 18 centimètres à l’extrême avant, et de 16 centimètres à l’extrême arrière. La tour est défendue par une cuirasse de 20 centimètres d’épaisseur. Le pont est également cuirassé avec des plaques de fer de 5 centimètres d’épaisseur.

Son artillerie se compose de quatre canons de 24 centimètres, placés dans la tourelle blindée, de six canons de 14 centimètres dans la batterie. Sur les gaillards sont installés un canon de 19 et un canon de 12.

La coque a sept grandes cloisons étanches.

Un détail caractéristique de la construction du Duguesclin, c’est que la cuirasse repose sur matelas de bois de teck, qui est fixé sur les tôles du bordé. Sur cette même cuirasse, un soufflage en bois, avec doublage en cuivre, s’élève un peu au-dessus de la flottaison.

Les plans du Duguesclin sont de M. Lebelin de Dionne, un de nos meilleurs ingénieurs des constructions navales. Ce cuirassé, destiné aux stations lointaines, a coûté, matière et main-d’œuvre, environ 5 millions et demi.

Nous avons donné dans le chapitre II (pages 313-315) les dessins d’un garde-côtes cuirassé et d’un croiseur. Il serait donc inutile de revenir sur ces types de constructions navales se rattachant à notre flotte. Nous avons également représenté un torpilleur et donné ses plans et sa coupe. Mais nous n’avons rien dit de la composition des torpilles, qui sont l’âme de ces redoutables navires. Nous comblerons ici cette lacune.

La marine française fait usage de plusieurs sortes de torpilles. La plus employée est la torpille portée, ainsi nommée parce que le torpilleur va littéralement la porter sous les flancs du navire ennemi.

La torpille portée est une cartouche contenant 20 kilogrammes environ de fulmicoton, fixée à l’extrémité d’une barre ou hampe en fer, de 12 mètres de longueur, qui s’attache obliquement, de haut en bas, à l’avant du bateau. On met le feu à la charge au moyen de l’étincelle électrique, grâce à un fil conducteur attaché à la hampe et à un appareil placé à l’intérieur du poste-vigie. À la faveur de l’obscurité, le torpilleur s’approche, sans être aperçu, du navire à attaquer. Arrivé par le travers du cuirassé, il stoppe brusquement et met le feu à la