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Nous sommes de ceux qui approuvent cette sage philosophie politique, qui épargne l’argent des contribuables, sans exposer la nation à des dangers d’aucune sorte. La vitalité de l’Amérique est telle, les ressources de ses ateliers de construction sont si puissantes, qu’en cas de conflit armé, on verrait se renouveler le fait merveilleux de la guerre de Sécession, c’est-à-dire une flotte de guerre sortir des ports américains, en moins de temps qu’il n’en aurait fallu à l’Angleterre ou à la France pour construire, lancer et armer un seul bâtiment cuirassé.

On peut dire du Brésil ce que nous venons d’affirmer concernant les États-Unis. Après la guerre du Paraguay, le Brésil ne s’est pas occupé de remplacer sa flotte de guerre ; il s’est borné à organiser une défense des côtes, très respectable, moyennant une flottille de torpilleurs. Mais, en cas de guerre, il improviserait très rapidement, à la façon des États-Unis, de grandes forces maritimes.

Le Javary est un ancien navire cuirassé qui remonte à la guerre de 1879 et que le gouvernement brésilien conserve comme type des vaisseaux de guerre.

Le Pérou, vaincu par le Chili, en 1879, vit alors ruiner sa petite marine. Le Chili possède donc seul une escadre de quelque importance. Les combats d’Iquique et de Fonta-Agar ont prouvé, d’ailleurs, toute la valeur militaire des équipages chiliens.

Les deux grands empires asiatiques, la Chine et le Japon, sont entrés, à leur tour, dans le mouvement militaire moderne. Ils ont, comme les nations de l’Europe et de l’Amérique, des cuirassés, des croiseurs rapides et des torpilleurs. Sans doute, les officiers instruits et les mécaniciens habiles font encore défaut aux Chinois, comme aux Japonais, mais ils ont le bon esprit d’embaucher des Européens, pour l’état-major de leurs navires, et même pour leurs équipages, en attendant qu’ils puissent trouver chez eux ce même personnel. Le contact des Européens finira par donner à leurs officiers et à leurs matelots les qualités de solidité, d’instruction et d’expérience nécessaires à la marine militaire.

Nous avons terminé cette rapide revue des flottes françaises et étrangères. Quand le jour viendrait-il, où ces flottes seront en présence ? Il est à souhaiter qu’il soit très éloigné, car les batailles navales de l’avenir seront bien autrement redoutables que celles d’autrefois. La science, en se mêlant à la guerre, l’a rendue terrible et sanglante, dans des proportions que l’imagination peut à peine se figurer.

fin du supplément aux batiments cuirassés