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quelquefois au gaz, à l’état de vapeurs, pour accroître son pouvoir lumineux.

Si l’industrie du gaz n’a que fort peu progressé, on ne peut en dire autant de celle des hydrocarbures liquides, non pour l’huile de schiste et les mélanges d’alcool et d’essence de térébenthine, qui ont, au contraire, perdu beaucoup de terrain, mais en ce qui concerne le pétrole. Il y a eu un bond immense dans la consommation de ce liquide éclairant, par suite de l’invention de nouveaux artifices pour la combustion de ses vapeurs amenées au bec. La construction des lampes Linck, ou lampes à deux mèches, a provoqué une véritable révolution dans l’usage du pétrole. Exclu des appartements, en raison des dangers auxquels exposait son maniement, le pétrole, grâce à ces nouveaux becs, est devenu d’un usage absolument sans danger. L’odeur qui le décelait et le caractérisait autrefois, ainsi que sa dangereuse inflammabilité, ont complètement disparu ; si bien que ce liquide naturel, si longtemps proscrit de nos demeures, jouit aujourd’hui d’une vogue incontestable, et qu’il fait une concurrence sérieuse à l’huile à brûler, à la bougie stéarique et au gaz.

Mais de tous les modes d’éclairage, celui qui a pris, depuis 1870, le plus prodigieux développement, c’est l’éclairage électrique.

Nous avons signalé, dans les Merveilles de la science, les premiers débuts de l’éclairage par l’électricité, et constaté les doutes qui étaient émis en 1870, sur son avenir. Aujourd’hui, par un coup de baguette magique, pour ainsi dire, l’éclairage électrique, dont on a si longtemps désespéré, a pris possession des rues et places des grandes villes, des magasins, des lieux publics et des théâtres ; et l’électricité appliquée à l’éclairage forme maintenant une science et un art, qui ont de savants maîtres, de splendides ateliers, qui occupent des milliers d’ouvriers, et nécessitent un grand nombre d’ingénieurs, uniquement consacrés à son service.

D’après les considérations qui précèdent, nous aurons à traiter, dans ce Supplément :

1° Des progrès de l’industrie du gaz, particulièrement de la construction des nouveaux becs, depuis 1870 ;

2° De l’éclairage électrique, dans son ensemble et dans ses détails ;

3° Des perfectionnements apportés à l’extraction du pétrole, et de la forme et du mécanisme des becs où il est brûlé.


CHAPITRE PREMIER

les becs intensifs, pour l’accroissement de la puissance de l’éclairage par le gaz. — les becs à gaz réchauffé. — le bec siemens. — les becs delmas, bandsept, etc. — l’enrichissement du gaz par des vapeurs carburées. — l’albo-carbon et le bec déry. — substances étrangères introduites dans la flamme, pour en accroitre l’incandescence. — le bec clamond. — le bec popp. — le bec auer de welsbach.

Devant les progrès incessants de la lumière électrique, les Compagnies de gaz ont dû chercher à perfectionner leur éclairage, à accroître la puissance de leurs foyers lumineux. C’est sous cette impulsion du progrès qu’ont été créés ce que l’on nomme aujourd’hui les becs à gaz intensifs, lesquels, composés d’une réunion de plusieurs flammes de gaz, produisent un effet lumineux considérable.

C’est dans la rue du Quatre-Septembre, à Paris, que l’on fit, pour la première fois, en 1878, l’expérience de ces becs : de là le nom, assez impropre, de becs de la rue du Quatre-Septembre, qu’on leur donna quelque temps, et qui a fait place aujourd’hui au nom, plus logique, de bec intensif.

L’accroissement notable d’effet lumineux est obtenu tout simplement par la réunion