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ci s’élevant jusqu’au niveau de la grille lorsque le bec fonctionne à son régime normal. Pour le type de 130 litres, brûleur de 9 3/4 millimètres de diamètre, avec trous de 1/3 de millimètre, cette distance est de 25 à 27 millimètres.

L’air d’alimentation entre par la partie supérieure de l’appareil, et s’échauffe en traversant le distributeur. Une partie de l’air ainsi chauffé va, de haut en bas, au centre de la flamme, et détermine un arrêt dans le mouvement ascendant du gaz, de sorte que la combustion s’effectue sous une vitesse modérée. L’autre partie entre dans la coupe en verre, où, après avoir perdu leur vitesse initiale par le frottement, les veines fluides changent de direction, pour alimenter la flamme extérieurement.

Le mélange gazeux s’effectue, par conséquent, à la plus basse pression possible, ce qui contribue à l’économie du gaz d’éclairage.

Sous l’action combinée des courants d’air intérieur et extérieur, la flamme, légèrement épanouie à l’origine, se redresse et se développe, suivant une nappe en tulipe, dont les ailes se trouvent sollicitées vers le bord de la tubulure centrale. L’attraction qui se manifeste entre le métal rougi et la nappe incandescente donne à la flamme une fixité remarquable, sans le secours d’aucun tuteur.

Le contact de la flamme avec le métal rougi n’est pas absolu. Une mince couche d’air calciné les sépare, et réalise la combustion lumineuse dans la partie supérieure de la flamme, celle qui avoisine la tubulure centrale. Grâce à l’interposition de cette couche isolante, le tamis nickelé se conserve indéfiniment, quelles que soient les températures admises par le bec.

C’est à la combinaison rationnelle des différents éléments contribuant au tirage qu’il faut attribuer la configuration spéciale du foyer, qui prend l’aspect d’une tulipe lumineuse, dont le fond est la zone de préparation.

Le brûleur, éloigné à une distance relativement considérable du distributeur, abaisse la position du foyer lumineux dans la coupe de cristal. À ce point de vue, le bec nouveau se distingue essentiellement des autres becs intensifs à flammes épanouies, nécessairement confinées à la partie supérieure du globe. Au lieu de mouler la flamme sur un tuteur, ainsi que cela se pratique généralement, et ce qui exige un appel énergique d’air et de gaz dans la cheminée, la flamme est libre dans le bec multiplex. Elle doit sa fixité à un phénomène qui n’avait pas encore été mis à profit : l’attraction entre corps solides chauffés au rouge et les gaz en ignition.

Le gaz arrivant par le bas (a) dans le bec multiplex, il n’y a plus d’obstructions, comme dans les lampes suspendues, où le plus souvent le tuyau adducteur traverse la cheminée et le récupérateur. Du reste, les carneaux du distributeur, spécialement profilés pour faciliter l’écoulement des produits de la combustion, évitent les dépôts de noir de fumée que l’on rencontre dans les lampes avec récupérateurs à fonds plats, contre lesquels les flammes vont buter. Ces récupérateurs ont, en outre, le défaut grave de se détériorer assez rapidement ; ce qui n’a plus lieu pour les carneaux en forme de V.

L’allumage du bec se fait par la cheminée, à la manière ordinaire des becs à verre, ou bien en ouvrant l’appareil, pour mettre le feu au brûleur.

Nous ajouterons que ce système de bec a valu à son auteur, M. Bandsept, la médaille d’or, c’est-à-dire la plus haute distinction dans la catégorie des appareils intensifs, à l’Exposition universelle de Paris de 1889, et qu’il a donné partout où il a été employé les plus favorables résultats, en réalisant dans l’éclairage, tout à la fois