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haut la description des lampes Jablochkoff et Werdermann. Des systèmes fort nombreux de lampes à arc voltaïque figuraient à l’Exposition d’électricité de 1881. Tels sont ceux de M. Siemens, de M. Lontin, etc., etc. Mais ils ne diffèrent pas assez des systèmes Jablochkoff et Werderman, pour que nous entrions dans leur examen particulier[1].

La véritable et grande nouveauté, la révolution, on peut le dire, qui se révéla à l’Exposition internationale d’électricité de 1881, c’est la production d’un luminaire de petit volume, n’ayant plus la puissance de l’arc voltaïque, et se trouvant réduit aux proportions de l’éclairage domestique.

Quel est le procédé qui permet d’obtenir, avec le courant électrique, des foyers d’une faible intensité, applicables à l’éclairage des appartements ? C’est ce que les électriciens appellent le procédé par incandescence. Mais ce terme a besoin, pour être compris, de quelques explications.

Si l’on réunit les deux pôles d’une pile voltaïque par un fil de métal, ou par une tige plate ou carrée de ce même métal, la recomposition des deux électricités contraires qui s’opère dans ce fil, ne s’accompagne d’aucun phénomène extérieur, quand le fil ou la tige ont une assez grande dimension. Mais si ce fil ou cette tige sont de faible section, et n’offrent ainsi à l’écoulement de l’électricité qu’un passage très réduit, l’électricité, s’accumulant en grande quantité dans cet étroit espace, échauffe le métal, le fait rougir, le porte à l’incandescence.

C’est là une expérience que l’on fait dans tous les cours de physique. Chaque assistant d’un cours de physique a vu le professeur, quand il traite des effets de la pile voltaïque, réunir les deux pôles de la pile par des fils métalliques de faible section, et tout aussitôt, ces fils de rougir, et de fondre, quand le métal est très fusible, comme l’argent, l’or, le cuivre, et même quand il est peu fusible, comme le platine, si l’on accroît suffisamment l’intensité du courant.

Fig. 313. — M. de Changy.

C’est précisément ce phénomène d’incandescence dont on a tiré parti pour l’appliquer à l’éclairage par l’électricité. Les physiciens et les industriels se sont appliqués à rendre l’incandescence d’un fil de platine ou de charbon assez durable et assez éclatante pour servir de moyen d’éclairage.

On obtient ainsi une illumination de peu de puissance, mais qui est précisément ce que l’on recherchait pour l’éclairage de l’intérieur des maisons. C’est ce que l’on appelait, autrefois, la division de la lumière électrique, terme impropre, qui signifiait seulement son affaiblissement d’intensité,

  1. Un système d’éclairage par l’arc voltaïque qui mérite une mention particulière, est celui que M. Clerc désigna sous le nom de lampe-soleil. L’arc voltaïque entoure des fragments de chaux, qu’il rend prodigieusement lumineux. Le grand volume de la masse échauffée donne à la lumière beaucoup de fixité. Il faut, toutefois, acheter cet avantage par une diminution de l’éclat ordinaire de l’arc jaillissant entre les deux pointes de charbon.