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à l’éclairage. La plus simple réflexion indique que le moyen vraiment pratique et commode de s’éclairer à l’électricité, serait de se conformer au système établi pour l’éclairage au gaz, qui consiste à fabriquer le gaz dans de vastes usines, éloignées des centres de population, et à le distribuer aux particuliers, grâce à une canalisation souterraine. Il faudrait, en d’autres termes, créer des usines à électricité, comme on crée des usines à gaz, et distribuer l’électricité comme on distribue le gaz, au moyen d’un réseau de conducteurs.

C’est ce qu’avait compris et posé en principe, M. Edison, dès les premiers temps de la création de l’éclairage électrique. Il déclara que, pour que son emploi devînt général, il faudrait donner avec l’électricité tout ce que l’on donne avec le gaz, c’est-à-dire envoyer à domicile le courant d’électricité, et le faire payer aux particuliers et aux établissements publics au moyen de compteurs, analogues aux compteurs à gaz.

Et M, Edison ne se borna point à poser le principe. Il créa, dès l’année 1882, à New-York, une vaste usine centrale, qui est aujourd’hui la plus importante du nouveau monde.

L’avenir de la lumière électrique réside donc dans la création, au sein des villes, de vastes usines, où l’on fabriquerait l’électricité, pour la distribuer, sous forme de circuit, à l’intérieur des maisons et des établissements publics.

L’industrie de l’éclairage par l’électricité est de date trop récente pour que les usines centrales se soient encore beaucoup multipliées. Cependant, il en existe déjà un certain nombre en Europe, et surtout en Amérique. Nous en donnerons ici la description raisonnée ; mais nous devons, auparavant, entrer dans quelques explications sur les instruments et appareils que l’on met en œuvre dans ces curieux établissements.

La machine dynamo-électrique pouvant fournir des courants continus ou des courant alternatifs, les usines centrales produisent des courants continus ou des courants alternatifs, selon les besoins. Les courants continus ont été longtemps seuls à subvenir à l’éclairage ; mais depuis quelque temps, les courants alternatifs ont pris faveur. C’est pour l’éclairage du port du Havre que les courants alternatifs ont été employés pour la première fois, par cette raison que cet éclairage se fait au moyen de la bougie Jablochkoff, appareil qui ne peut fonctionner qu’avec les courants alternatifs.

Dans les usines à courants continus, qui servent, tant pour l’éclairage par incandescence, que pour l’éclairage par l’arc voltaïque, les machines dynamos sont actionnées chacune par un moteur spécial, ou groupées par deux, sur un même moteur. Chacun de ces ensembles s’appelle un groupe-unité, et une usine centrale se compose de la réunion d’un certain nombre de groupes-unités. On pourrait, sans doute, n’avoir qu’un moteur commun à toutes les machines dynamos, mais à cause, des variations dans la consommation de l’électricité, pendant une grande partie de la journée, ce système serait peu économique.

Toutes les machines dynamos, réunies par paires, envoient leurs courants dans de fortes barres de cuivre, d’où partent les conducteurs principaux. Sur ces conducteurs principaux s’embranchent les courants secondaires (dérivations) pour les particuliers. Par les soudures entre les conducteurs principaux et les conducteurs secondaires, il y a toujours une perte de charge, mais elle est prévue dans les installations.

Tel est le mode de distribution des courants continus, pour les lampes à incandescence. Pour les lampes à arc, qu’elles soient munies d’un régulateur, ou composées de simples bougies Jablochkoff, on réunit également les machines dynamos par paires,