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nous n’avons pas besoin de le dire, une installation fort différente. On n’y trouve guère que des lampes à incandescence. Quant au moteur, c’est bien rarement la machine à vapeur, que les boutiquiers redoutent, à tort ou à raison. Le moteur à gaz est l’agent ordinaire actionnant les machines dynamos.

On se demande quelquefois pourquoi, puisque l’on s’adresse au gaz, pour actionner les machines dynamos, on ne conserve pas, purement et simplement, le gaz dans les boutiques. La raison en est que le gaz, relégué dans la cave, comme un simple manœuvre, expose à moins de chances d’explosion et d’incendie. C’est ensuite parce que la dépense est moindre avec le gaz actionnant une machine dynamo, que quand on le brûle dans les magasins.

Dans les magasins situés sur le trajet des conducteurs d’une usine centrale d’électricité, on peut obtenir une dérivation du courant, et par un simple conducteur secondaire, branché sur le conducteur principal, recevoir l’électricité, sans avoir à s’occuper de moteur d’aucune espèce. C’est ainsi qu’aux environs des usines centrales du Palais-Royal, de la cité Bergère, etc., les magasins sont alimentés d’électricité par ces usines centrales.

La distribution d’air comprimé, au moyen d’une canalisation spéciale, dans une des sections d’éclairage électrique des grands boulevards, est également mise à profit par les riverains de cette voie publique, pour obtenir des prises d’air comprimé, qui servent à actionner des machines dynamos, et à produire l’éclairage de leurs magasins. Mais c’est là un cas particulier et d’un rayon trop rare, pour fournir à beaucoup de consommateurs.

Éclairage des maisons et appartements. — Ce que nous venons de dire pour les magasins s’applique aux appartements, maisons et hôtels privés. Les lampes à incandescence sont ici le seul luminaire en usage, et la source d’électricité est empruntée le plus souvent à un moteur à gaz. Quelques essais ont été faits pour alimenter les lampes par des accumulateurs. Le fabricant d’accumulateurs fait apporter, chaque matin, les piles secondaires chargées et prêtes à fonctionner, et remporter les piles usées la veille. Mais ce système, outre qu’il revient à un prix élevé, est trop assujettissant pour un service quotidien.

Qu’il soit fourni par une machine à vapeur, par un moteur à gaz, ou par la dérivation d’une canalisation souterraine, l’éclairage électrique, employé dans les maisons, pour remplacer l’éclairage au gaz, à l’huile ou au pétrole, se recommande par des avantages particuliers, qu’un peu de réflexion fait saisir. Nous parlerons d’abord des avantages de ce mode d’éclairage, au point de vue de l’hygiène, dans les maisons et appartements.

Les corps actuellement employés comme agents d’éclairage ont un inconvénient radical, un vice irrémédiable : c’est qu’ils vicient l’air, en absorbant l’oxygène et émettant de l’acide carbonique. Ils s’emparent d’un gaz utile à la respiration, c’est-à-dire à la vie, et le remplacent par un gaz toxique. Quand on brûle du gaz, la vapeur d’eau et le gaz acide carbonique emplissent l’atmosphère de la pièce des produits de leur combustion ; l’eau se dépose sur les meubles, tentures, rideaux, qui ne peuvent pas s’en bien trouver ; l’acide carbonique entre dans nos poumons, qui s’en trouvent plus mal encore.

La chaleur qui accompagne la combustion du gaz, est un autre inconvénient de son emploi dans les appartements. Si l’on n’a pas à s’en plaindre en hiver, l’été, cette chaleur est intolérable.

Enfin, le dépôt de particules charbonneuses provenant de la combustion du gaz,