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est un autre résultat fâcheux de son usage.

L’air normal renferme environ 4 pour 10 000 de gaz acide carbonique ; quand l’air contient 1 pour 1000 d’acide carbonique, il est vicié ; s’il renferme 1 pour 100 d’acide carbonique, il peut occasionner l’asphyxie, ou des accidents de ce genre.

La bougie, l’huile ou le pétrole, produisent, en brûlant, de l’acide carbonique et de l’eau, tout comme le gaz. On ne peut donc se flatter de faire usage d’un éclairage plus hygiénique, en brûlant ces substances, au lieu de gaz.

Dans une brochure sur ce sujet, le docteur Hammont a donné le tableau des quantités d’air vicié, d’oxygène consommé et d’acide carbonique produit, pendant une heure, pour une intensité d’environ 12 bougies, par les différentes substances employées dans l’éclairage des appartements.

Voici le tableau résultant des expériences du docteur Hammont, et contenu dans le mémoire de ce savant.

MODE d’éclairage.
OXYGÈNE
consommé en litres.
ACIDE CARBONIQUE
produit en litres.
AIR VICIÉ
en litres.
CALORIES
dégagées.
À l’électricité par incandescence 
0 0 0 34
Au gaz 
95 56 450 550
À l’huile 
130 94 675 580
Au pétrole 
170 121 931 822
À l’essence minérale 
180 130 940 830
À la bougie 
240 175 1 240 940
À la chandelle 
340 245 1 650 1 260

On voit, d’après ce tableau, que, seule, la lumière électrique ne consomme pas d’oxygène et ne produit pas d’acide carbonique. Elle ne dégage aucune chaleur sensible, ce qui est un avantage en été, et n’a d’autre inconvénient, en hiver, que de nécessiter le chauffage de l’appartement. Il est permis de dire que la lumière électrique est, au point de vue hygiénique, une lumière parfaite.

En effet : 1o  elle ne consomme pas d’oxygène et n’ajoute à l’air ni gaz acide carbonique, ni vapeur d’eau, ni parcelle de charbon, ni substance étrangère d’aucune sorte. N’ayant pas besoin, pour se produire, de l’oxygène de l’air, elle n’a rien à prendre à l’atmosphère ni rien à lui céder. Le filament de charbon, hermétiquement renfermé dans une clochette de verre, ne laisse rien échapper au dehors. Et non seulement l’air extérieur n’intervient point dans sa production, mais si, par accident, par exemple, la clochette de verre vient à se briser, et l’air à s’y introduire, aussitôt le courant est interrompu et la lumière s’éteint.

2o  Le gaz et les autres moyens d’éclairage exposent à l’incendie. À combien d’accidents les fuites de gaz ne donnent-elles pas lieu ? Le pétrole causait autrefois des malheurs sans nombre, et les lumières à feu libre, lampes et bougies, que l’on transporte dans les appartements, sont une cause permanente d’incendie. Avec l’électricité, aucune crainte de ce genre. La lampe à incandescence échauffe à peine l’air. On peut la tenir à la main, sans se brûler ; l’entourer d’une étoffe légère, sans que l’étoffe roussisse. Aussi, jamais une lampe électrique n’a-t-elle causé d’incendie. Voilà un de ses plus grands avantages.

3o  La lumière électrique est le plus obéissant des serviteurs. Elle s’allume ou s’éteint, à la volonté du maître de l’appartement, qui, même couché dans son lit, peut, en tournant simplement un robinet, s’éclairer ou se plonger dans l’obscurité, autant de fois qu’il le désire. Pouvant varier d’intensité, selon la volonté de celui qui l’emploie, la lumière électrique peut être éclatante comme le soleil, si l’on fait usage de l’arc voltaïque, ou réduite à l’état de veilleuse, si l’on prend une lampe à incandescence de