Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/489

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beaucoup d’ingénieurs, le filament du charbon, même après son extinction, conserve, pendant cinq à six secondes, une température qui a été évaluée à 500° ; et à cette température le grisou mêlé à l’air, détonne. Le bris accidentel de la lampe électrique d’un mineur, pourrait donc mettre le feu à une atmosphère grisouteuse.

C’est en raison de ce dernier danger, que les propriétaires des houillères et les ingénieurs, en tout pays, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, hésitent à introduire la lumière électrique à l’intérieur des fosses à charbon ; car, selon eux, la lumière électrique au fond des mines de houille, serait une cause perpétuelle de craintes, parfaitement fondées.

Il faut donc attendre de nouvelles recherches pour se prononcer sur l’opportunité de la substitution de la lumière électrique aux lampes portatives des mineurs, au fond des puits à charbon.

Si de grandes précautions sont nécessaires pour introduire la lumière électrique dans les houillères, on n’a pas à s’astreindre aux mêmes soins, quand il s’agit des mines métalliques, qui ne laissent jamais dégager le moindre gaz inflammable, Dans les exploitations souterraines des divers minerais et des carrières de pierre, l’éclairage électrique par incandescence rend d’incontestables services, en éclairant des lieux profonds sans les échauffer, et sans vicier l’atmosphère, comme l’huile ou le pétrole, ce qui rend plus aisé le travail des hommes.

Quand on veut pénétrer sans danger, dans une atmosphère irrespirable, par exemple pour chercher une fuite de gaz, on peut se servir d’une lampe à incandescence, alimentée par une batterie, au bichromate de potasse. M. Trouvé a construit une lampe de ce genre, qui a été adoptée pour le service d’incendie de la ville de Paris. La pile est contenue dans une gibecière, dont l’ouvrier est muni (fig. 374), et le fil aboutit à une lampe à incandescence, portée sur le front de l’opérateur, à l’aide d’une couronne de cuir[1].

Fig. 374. — Éclairage, au moyen d’une lampe électrique, d’une atmosphère suspecte.

On a imaginé récemment en Angleterre une autre lampe de sûreté contre les atmosphères suspectes. Elle est désignée sous le nom de lampe électrique Schanschieff. C’est une lampe Edison, alimentée par une pile au bisulfate de mercure, comme la pile

  1. C’est cette même lampe électrique que M. Trouvé, à l’époque de la catastrophe de Saint-Étienne, a proposé d’appliquer à l’éclairage des houillères, de préférence à la lampe Stella, qui emploie des accumulateurs.