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Le thermométrographe, ou thermomètre enregistreur, est disposé à peu près comme le barométrographe. Seulement, la lumière ne passe pas par l’espace vide situé au-dessus du mercure. Elle traverse une petite bulle d’air, qui a été introduite à l’avance dans la petite colonne de mercure du thermomètre. La lumière ainsi transmise produit sur le papier sensible un point noir, et le déroulement méthodique du papier permet de déterminer l’instant où chaque point a été produit.

Dans les observatoires météorologiques, on emploie, pour les températures et les pressions, des instruments enregistreurs diversement disposés. Il nous serait difficile de décrire en particulier les barométrographes et les thermométrographes en usage aujourd’hui dans les divers observatoires ; nous signalerons seulement le bel appareil que M. Salleron a construit pour l’observatoire de Kiew, et qui est à la fois un barométrographe et un thermométrographe. Il enregistre même, simultanément avec les températures et les pressions, les variations de l’humidité de l’air.

Les variations de l’aiguille aimantée en déclinaison et en inclinaison sont également enregistrées, dans les observatoires météorologiques, par la photographie.

À l’extrémité de l’aiguille aimantée est attaché un petit miroir sur lequel la lumière d’une lampe vient se réfléchir, et le rayon réfléchi vient tomber sur un papier impressionnable placé dans une chambre noire, en y traçant un arc d’autant plus grand que sa distance à cette surface photographique est plus considérable. Au moindre mouvement de l’aiguille aimantée, la marque du rayon réfléchi se déplace sur l’écran, suivant la marche de l’aiguille, et sans en laisser perdre la plus petite oscillation.

Le papier photographique se déroule d’un mouvement uniforme ; il fait en vingt-quatre heures une révolution sur son axe. À la fin de la journée on retire le papier, on développe les traits, et on les fixe par les procédés ordinaires.

La ligne continue ainsi obtenue indique la marche du rayon lumineux réfléchi par le miroir fixé à l’aiguille aimantée, et représente ses divers mouvements pendant les vingt-quatre heures.

Ce magnétographe, qui est de l’invention du docteur Brooke, fonctionne depuis bien des années à l’Observatoire de Greenwich.

On a vu, dans la Notice sur la télégraphie atlantique, que le procédé consistant à amplifier les mouvements de l’aiguille aimantée en munissant son extrémité d’un petit miroir, qui réfléchit la lumière d’une lampe, et envoie sur un écran cette image amplifiée, a été utilisé par sir William Thomson pour la construction du récepteur des signaux du câble atlantique.

Les variations de l’état électrique de l’air sont enregistrées, à l’Observatoire de Kiew, par un procédé analogue. Le photo-électrographe dû à l’ingénieur physicien Francis Ronalds est un véritable paratonnerre, muni d’un électroscope à feuilles d’or. On sait que les feuilles d’or de cet instrument s’écartent plus ou moins l’une de l’autre, selon leur degré d’électrisation par l’air ambiant. Dans cet instrument on éclaire les feuilles d’or par une lampe et ces deux surfaces métalliques réfléchissant la lumière projettent leur double image sur un papier impressionnable, qui se déroule d’un mouvement uniforme, par l’effet d’un mécanisme d’horlogerie. Les deux courbures sinueuses que l’on obtient ainsi, qui se rapprochent ou s’écartent à toute heure du jour, représentent l’état électrique de l’air pendant les vingt-quatre heures, et à chaque instant de cet intervalle.

Les appareils qui viennent de nous occuper n’en sont encore que dans la période des essais. Ils sont certainement appelés à se multiplier dans les Observatoires