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et les cabinets de physique, mais leur nombre est encore peu considérable, parce que leur prix est élevé, et qu’ils ont à combattre beaucoup de défiances, de la part de plusieurs savants. À l’Observatoire de Kiew, de Greenwich, à celui de Paris et dans celui de Meudon, on voit fonctionner des appareils enregistreurs auxquels toute confiance est accordée ; mais ce ne sont là, il faut le reconnaître, que des exceptions dans le nombre immense d’établissements météorologiques installés dans tous les pays où la science est en honneur. Un jour viendra où la résistance que rencontre la méthode photographique sera vaincue, et le rôle des physiciens et de leurs aides se bornera alors à venir, à quelques heures d’intervalle, relever les papiers portant les indications des déterminations barométriques, magnétiques, etc. Ce seront alors les forces de la nature qui suffiront à inscrire les changements intermittents qui se reproduisent dans leur propre sein, La nature opérera, l’homme se bornera à regarder et à compter.


CHAPITRE X

les applications nouvelles de la photographie à l’astronomie. — les photographies des astres. — le congrès pour la carte photographique du ciel, ses débuts en 1888.

L’application de la photographie à l’astronomie physique n’est pas de date récente. Nous avons rapporté dans les Merveilles de la science[1] ses premiers débuts en exposant les résultats obtenus par MM. Warren de la Rue et Airy en Angleterre, le père Secchi à Rome, M. Schmidt à Athènes, M. Rutherford à New-York, pour la photographie des principaux astres de notre système solaire. Mais ce genre d’application de l’art photographique a pris de nos jours un développement considérable, et a abouti à la grande opération qui sera l’honneur scientifique de notre siècle. Nous voulons parler de l’exécution d’une carte du ciel par la photographie, projet arrêté dans un congrès mémorable d’astronomie qui s’est réuni à Paris en 1887, pour se concerter sur cette œuvre magnifique. Nous ferons connaître dans ce chapitre les découvertes faites depuis l’année 1870 jusqu’à ce jour, dans ce champ particulier de recherches.

Disons d’abord comment on opère pour obtenir l’épreuve photographique des astres, tels que planètes, satellites et comètes.

On comprend qu’une simple épreuve prise dans la chambre noire ne saurait donner une image suffisante d’un astre. Il faut nécessairement agrandir cette image par les objectifs des grands télescopes installés dans les Observatoires astronomiques et fixer ces images agrandies. Seulement, les verres des lunettes astronomiques sont achromatisés pour les rayons visibles, et non pour les radiations chimiques. La mise au point faite dans ces lunettes à la simple vue ne saurait être la même pour la photographie : on n’aurait qu’une épreuve confuse. On est donc forcé de prendre des télescopes dont l’objectif, formé d’un miroir concave argenté, est toujours achromatique pour tous les rayons. On remplace l’appareil réfringent qui forme l’oculaire par le papier photographique.

Nous n’avons pas besoin de dire que les télescopes destinés à la photographie céleste doivent pouvoir suivre le mouvement apparent de la sphère céleste, c’est-à-dire être montés équatorialement.

Ainsi que nous l’avons dit dans les Merveilles de la science, la lune et le soleil ont été les premiers astres photographiés par MM. Warren de la Rue, Airy, Grubb, le père Secchi et Rutherford.

  1. Tome III, pages 154-160.