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Les éclipses de soleil vinrent fournir à la photographie céleste les moyens de prouver son utilité. L’instrument photographique a permis de découvrir des phénomènes que leur rapidité empêchait de laisser étudier. En 1862, Warren de la Rue à Riva Bellosa, le père Secchi et les observateurs espagnols au Discerto de las Palmas, obtinrent, pendant l’éclipse solaire, de belles photographies de la couronne du soleil, et pendant la même éclipse, la photographie fit reconnaître que les protubérances étaient partie constituante du soleil.

La couronne solaire fut observée dans les éclipses suivantes. Le 6 mai 1883, M. Janssen obtint, pendant l’éclipse totale, de belles épreuves, qui mirent en évidence d’importants détails de structure, et il put examiner avec soin les astres qui environnent le soleil. M. Janssen avait préparé deux grands appareils avec huit chambres photographiques qui avaient été dressées pour saisir le passage des planètes intra-mercurielles.

C’est en effet pour l’observation des passages des planètes sur le disque du soleil que la photographie rend de grands services et notamment pour l’examen des contacts extérieur et intérieur. On sait que M. Janssen fit installer pour le passage de Vénus sur le soleil, en 1882, une sorte de révolver photographique, permettant d’obtenir rapidement un certain nombre d’épreuves.

On doit également à M. Janssen de remarquables photographies de la surface du soleil, obtenues en réduisant la durée de la pose.

C’est aux travaux de deux astronomes français, les frères Henry, de l’Observatoire de Paris, que sont dus les progrès immenses qui ont été faits récemment par la photographie céleste.

Voici dans quelles circonstances intéressantes MM. Prosper et Paul Henry ont été conduits à entreprendre ces recherches, qui devaient aboutir à la grande entreprise internationale de l’exécution de la carte entière du ciel par les procédés photographiques.

Depuis l’invention des lunettes et des télescopes, les astronomes ont sondé dans tous les sens les profondeurs du ciel. À l’aide de grossissements considérables, ils ont pu distinguer des millions d’étoiles, des milliers de nébuleuses, des comètes et des planètes qui fussent à jamais restées inconnues, si les observateurs avaient toujours été condamnés à faire usage, comme les anciens, de l’organe de la vue, sans le secours des instruments qui rapprochent des centaines et des milliers de fois les corps disséminés dans l’espace. Des catalogues et des cartes célestes ayant été dressés dans notre siècle, avec un soin minutieux, à l’aide des plus fortes lunettes, il semblait que le nombre des astres accessibles aux investigations dût rester à peu près stationnaire. Il n’en est rien cependant : grâce à la photographie, des étoiles, ainsi que des nébuleuses dont on ne soupçonnait pas l’existence, sont venues se dessiner sur des épreuves obtenues à l’Observatoire de Paris par les frères Henry. La photographie céleste, on peut le dire avec toute assurance, nous ménageait, sous leur impulsion, de magnifiques surprises.

La trace laissée sur la voûte céleste par la marche apparente du soleil (ou l’écliptique) est parsemée d’étoiles dont il importe de connaître exactement la position, car c’est dans cette région que se trouvent les planètes, les grosses comme les petites. On sait que celles-ci sont nombreuses ; 280 ont été trouvées jusqu’à 1889 circulant entre Mars et Jupiter. La recherche de ces astres a été singulièrement facilitée par la construction de cartes écliptiques, dont l’Observatoire de Paris s’occupe depuis longtemps.