Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/530

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



biles, malgré tous les soins que l’on apporte à leur ajustement, laissent parfois filtrer les gaz, quand surtout elles ne présentent qu’un seul orifice pour le tuyau du poêle, sans ventouse inférieure. Le refoulement des gaz se conçoit facilement pour les poêles mobiles pourvus d’un tuyau muni d’une valve incapable d’obturer complètement leur calibre.

S’il existe des fissures et des communications entre les cheminées de deux appartements voisins, des dangers peuvent exister, dit le Dr Lancereaux, pour les personnes des étages supérieurs, ou même des étages inférieurs. Beaucoup de cas d’empoisonnement à distance par les poêles mobiles, ont été signalés par MM. Boutmy, Henri de Boyer et autres médecins.

Il est enfin un dernier danger, rare pourtant dans ce cas, car il résulte de la température trop élevée du foyer de combustion. On sait que la fonte se laisse traverser, à une haute température, par les gaz, et surtout par l’oxyde de carbone. Le cylindre intérieur des poêles mobiles a pour but de remédier à cet inconvénient, en créant une chambre à enveloppe externe ; mais c’est à la condition, comme il est dit plus haut, que cette enveloppe externe ne sera pas percée d’orifices, dits bouches de chaleur ; car ces orifices permettent au gaz de s’échapper dans l’appartement.

En résumé, les poêles économiques, ou poêles mobiles, reposent, dit le Dr Lancereaux, sur un principe défectueux, au point de vue de l’hygiène, et ils offrent, par les raisons déduites plus haut, des dangers sérieux.

Pour remédier à ces dangers, le Dr Lancereaux proposait à l’Académie de demander à qui de droit, des mesures administratives, qu’il énonçait en ces termes :

1° N’autoriser la vente des poêles qu’à la condition que le tirage soit suffisant pour transformer tout le carbone en acide carbonique ;

2° N’autoriser l’ajustement du tuyau d’un poêle mobile à une cheminée quelconque qu’à la condition que cette cheminée ait un tirage convenable et suffisant pour le dégagement facile des vapeurs et des gaz provenant de la combustion ;

3° Exiger, avant la pose d’un poêle, l’examen des cheminées voisines, de façon à éviter le refoulement ou la filtration des gaz d’une cheminée dans une autre, et à préserver les intéressés ou leurs voisins de l’empoisonnement oxycarboné à distance ;

4° Prévenir le public du danger qu’il court en laissant séjourner, la nuit, un poêle à combustion lente dans une chambre où l’on couche, ou même dans une chambre voisine.

Dans la séance du 26 mars 1889, M. le Dr Vallin combattit l’idée de faire intervenir l’administration dans la question dont il s’agit. Il pensait qu’il vaudrait mieux, sans recourir à aucun règlement de police, signaler au public les dangers que présentent quelquefois les poêles mobiles, et les moyens de se mettre à l’abri de ces dangers.

Le Dr Lancereaux demandait que l’on n’autorisât la vente des poêles mobiles qu’à la condition que leur tirage soit suffisant pour transformer tout le carbone en acide carbonique, et s’opposer ainsi à la formation d’oxyde de carbone.

« Cette mesure, dit le Dr Vallin, aurait pour effet de prohiber la vente de tous les poêles qui existent aujourd’hui dans le commerce, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe. Depuis qu’on a reconnu les avantages économiques des poêles à combustion lente, on n’en veut plus d’autres. On est tombé d’une extrémité dans une autre. En 1829, d’Arcet demandait qu’on donnât à un poêle, de bonne dimension, une ouverture pour l’arrivée de l’air neuf, soit par la grille, soit par la porte d’entrée, équivalant à douze carrés de 1 décimètre. Mais on gaspillait, ainsi, le calorique, en faisant traverser le foyer par des centaines de mètres cubes d’air froid, qu’on chauffait à + 50 ou à + 60 degrés, pour le verser dans l’atmosphère extérieure, au sommet de la cheminée, sans que les calories ainsi