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soustraites, eussent en rien servi à chauffer la chambre. Aujourd’hui, on tombe dans l’excès inverse ; la presque totalité des poêles modernes n’ont plus qu’une ouverture de huit à dix carrés de 1 centimètre, munie d’opercules, ne laissant librement ouverts que deux ou trois trous, d’un centimètre. Au point de vue de la dépense du combustible et de réchauffement de l’appartement, l’économie est énorme, mais la salubrité et le bien-être sont complètement sacrifiés. On peut affirmer qu’il n’y a pas un poêle moderne dont les produits de combustion ne contiennent une proportion d’oxyde de carbone beaucoup plus grande que dans une cheminée ordinaire.

« Ces poêles sont surtout dangereux quand ils sont mal construits, et quand on ne sait pas s’en servir ; mais au lieu de les supprimer, tous en bloc, il faut signaler leurs lacunes et les moyens de se mettre à l’abri du danger,

« Au lieu de réduire les orifices de telle façon que, dans un poêle mobile consommant 10 kilogrammes de coke en vingt-quatre heures, il ne passe que 40 mètres cubes d’air dans le même temps, alors qu’il est besoin de 100 mètres cubes pour transformer tout le carbone en acide carbonique, il faudrait, tout au moins, laisser arriver ce dernier volume d’air sur le combustible.

« En outre, dans la plupart des poêles, ce n’est pas l’entrée de l’air dans le foyer qui est rétrécie, c’est la sortie des gaz résultant de la combustion. Ces gaz ne peuvent s’échapper qu’à travers les trous ménagés dans l’enveloppe intérieure, avant d’aller gagner, par des chemins compliqués, le tuyau de fumée, fixé à l’enveloppe extérieure. Ces poêles fonctionnent donc tous comme un ancien poêle dont on aurait presque complètement fermé la clef. Le danger est plus grand encore que si l’on avait rétréci l’orifice d’arrivée de l’air, car les gaz toxiques résultant de la combustion, n’ayant qu’une issue très difficile, peuvent aisément refluer dans la pièce habitée.

« Enfin, la petite quantité d’air et de gaz provenant du foyer, a abandonné une grande partie de son calorique aux parois de l’appareil ; elle n’est plus capable de chauffer le coffre de la cheminée ou les parties élevées du tuyau de fumée. La différence avec la température extérieure au niveau du toit est très faible, le tirage est donc presque nul. Le moindre tourbillon de l’air détermine des reflux de gaz toxiques dans l’appartement. Il faudrait donc savoir produire la quantité de chaleur nécessaire pour assurer un tirage protecteur.

« On ne saurait trop engager les fabricants à supprimer la clef, qui permet de mettre l’appareil en petite marche, pendant la nuit, alors qu’on ne peut secouer la cendre accumulée, et qui augmente la difficulté de sortie des gaz de la combustion ; la plupart des cas de mort survenus pendant la nuit, ont été dus à cette cause.

« Il faut trouver un autre mode de fermeture que l’immersion du couvercle dans le sable. Celui-ci n’est pas suffisamment renouvelé ; quand il n’est pas très bien desséché, il amène rapidement l’oxydation et la destruction de la saillie métallique du couvercle, dont le bord, frangé et perforé, laisse passer, alors, les gaz toxiques.

« Enfin, il faut rappeler sans cesse que le danger augmente avec le déplacement fréquent de ces poêles. Chaque cheminée à laquelle ceux-ci sont susceptibles de s’adapter, doit être munie d’un tuyautage fixe, d’une grande hauteur ; il est indispensable de l’échauffer chaque fois, par un feu clair et rapide, pour déterminer le tirage, avant d’y apporter l’appareil.

« Ces conseils, ajoute le Dr Vallin, ont été sans doute bien des fois placés sous les yeux du public, soit par les conseils