Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/548

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anglaise, est éminemment propre. Ici, plus de cendres, de poussière noire, ni de suie qui, non seulement salissent les mains, la figure et les vêtements, mais tout ce qui se trouve dans la cuisine, ne respectant même pas les mets qui doivent bientôt paraître sur la table. Pas de grands nettoyages des rôtissoires ; un linge, mouillé d’une dissolution légère de sel de soude, pour enlever les taches de graisse, et une brosse à polir, passée une fois par semaine sur l’appareil à rôtir au gaz, suffisent.

« Les casseroles, lèchefrites, et autres ustensiles, ne se salissent plus, extérieurement, par la fumée et la suie ; partant, moins d’entretien et économie de temps.

« Plus de charbon à monter de la cave, plus de provision de bois, ni de copeaux ; plus d’allumage, ni surtout de rallumage de poêles ; plus de cheminées qui, s’obstinant à ne pas vouloir tirer, renvoient la fumée dans toute la maison.

« La cuisine au gaz, au contraire, est toujours prête : un simple robinet à tourner et, sans perte de temps, sans préliminaires, le feu est prêt à opérer la cuisson des aliments. D’une docilité sans égale, par une simple manœuvre de robinet, son intensité augmente, diminue, varie à l’infini, suivant les besoins de la cuisson. Une fois réglée, son intensité se maintient des heures entières, sans avoir besoin qu’on s’en occupe. Pourrait-on en dire autant de la cuisine faite au charbon ?

« La cuisson faite, on ferme le robinet, et l’on supprime instantanément toute dépense, et aussi toute chaleur, ce qui, principalement en été, est un avantage inappréciable. Que de cuisines qui, en été sont de véritables lieux de supplice, deviendraient habitables et saines, par l’emploi du gaz ?

« En résumé, la cuisine au gaz a pour elle l’hygiène, l’ordre, la propreté, la facilité, le contrôle parfait de la chaleur, l’économie de temps et d’argent !

« L’usage des foyers au charbon, avec leur allumage et rallumage, représente une telle somme de travail secondaire, non seulement pénible mais désagréable, qu’il oblige seul bien des ménages bourgeois à avoir une servante. Il est à remarquer que plus l’emploi du gaz est généralisé dans un ménage, plus on devient indépendant de ses domestiques. Que de mères de famille, par l’adoption de la cuisine au gaz, deviendraient maîtresses de maison !

« Aujourd’hui que tout est disposé, dans nos habitations, en vue du confortable, pour augmenter le bien-être et améliorer les conditions hygiéniques de la vie, la routine a cependant su maintenir la cuisine au charbon. Pourquoi, malgré tous les avantages qu’elle présente, la cuisine au gaz n’est-elle pas adoptée par tout le monde ? Certes, elle se propage ; en Amérique et en Angleterre, elle est même complètement entrée dans les us et coutumes ; à Paris, c’est par milliers que s’installent les appareils pour la cuisine au gaz ; dans les autres parties de la France et en Belgique, on commence aussi à l’adopter, mais qu’est-ce qui arrête le plus grand nombre de ménages d’en faire usage ? Le préjugé !

« Il est inévitable, dit-on, qu’un goût de gaz ne se transmette aux aliments ainsi préparés.

« À cela que répondre, si ce n’est : Essayez.

« Un préjugé qui a la vie dure, comme tous les préjugés, vous objecte l’odeur des mets. Les réchauds à gaz, dit-on, empoisonnent l’air !

« Il fut un temps où cette objection pouvait sembler sérieuse. Les premiers réchauds, en effet, étaient assez mal combinés, et brûlaient le gaz dans de mauvaises conditions. Ces appareils ont, malheureusement, à un certain moment, donné raison à la critique, mais aujourd’hui, on peut, sans crainte d’être incommodé par la moindre odeur,