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son prix, on fabrique, pour ainsi dire, le gaz sur place. On distille les charbons maigres dans l’usine, et on obtient ainsi un composé gazeux, qui produit tous les effets calorifiques du gaz.

La distillation de la houille maigre se fait dans un appareil spécial, nommé gazogène, où elle est décomposée à basse température et transformée en un mélange d’hydrogène protocarboné et d’oxyde de carbone. On dirige ce mélange dans les foyers, où on les brûle, avec un courant d’air, préalablement surchauffé.

Le chauffage par gazogène est principalement appliqué aux opérations métallurgiques, à la cuisson des produits céramiques, aux verreries, etc.

Dans les laboratoires de chimie, le gaz de l’éclairage a remplacé, de nos jours, le charbon de bois, autrefois seul en usage, concurremment avec la lampe à alcool, pour toutes les opérations où intervient la chaleur. On ne trouve plus une seule caisse à charbon de bois, dans les laboratoires modernes. Cette substitution a rendu faciles bien des opérations, qui étaient très pénibles jadis, et elle permet d’effectuer des expériences devant lesquelles on aurait reculé avec les anciens fourneaux à charbon.

C’est dans le laboratoire particulier de Würtz, situé rue Garancière, dans l’hôtel occupé aujourd’hui par la librairie Plon, que le gaz fut, pour la première fois, substitué au charbon, dans les opérations chimiques.

Le gaz fut ensuite appliqué dans le laboratoire particulier de Pelouze, rue Dauphine, ensuite dans le laboratoire du même chimiste à la Monnaie, enfin dans le laboratoire de Ch. Gerhrardt, rue Monsieur-le-Prince.

La pression pendant le jour, faisant défaut, à cette époque (1850-1852), il fallait avoir des gazomètres, que l’on emplissait le soir, pour les travaux du lendemain. Lorsque, en 1856, la Compagnie parisienne pour l’éclairage et le chauffage au gaz, se constitua, apportant l’engagement de fournir le gaz le jour, comme la nuit, tous les laboratoires de chimie installèrent le chauffage, au gaz.

Les premiers appareils de laboratoire pour le chauffage à gaz, et qui se composaient de tubes métalliques venaient d’Allemagne. Ils ne répondaient qu’imparfaitement aux besoins des manipulateurs. C’est alors que M. Wiesnegg père créa l’outillage actuel, qui sert, dans les laboratoires de chimie, à effectuer, au moyen du gaz, toutes les opérations demandant l’intervention de la chaleur.

Ces opérations étant d’un nombre infiniment grand, et d’un ordre essentiellement varié, nous n’entreprendrons pas de passer en revue les appareils de chauffage au gaz qui se trouvent dans les laboratoires actuels. Bornons-nous à dire que, depuis la simple ébullition d’un liquide, jusqu’à l’analyse organique élémentaire, en passant par toutes les calcinations, combustions, distillations, évaporations, séchages à l’étuve, etc., etc., tout chauffage, dans les laboratoires de chimie, se fait aujourd’hui avec des appareils à gaz. La plupart de ces appareils se construisent, d’ailleurs, selon les besoins et les demandes des opérateurs, en vue des recherches qu’ils ont à exécuter.

Nous n’avons pu traiter que d’une façon très sommaire la question des emplois du gaz dans les différentes industries modernes. Les personnes qui désireraient des renseignements plus complets à ce sujet, avec des dessins d’appareils, les trouveront exposés avec beaucoup de soin dans un volume in-12, publié à la Librairie scientifique et industrielle d’Eugène Lacroix, sous ce titre : Le chauffage par le gaz considéré dans ses diverses applications par G. Germinet.

Ajoutons que M. G. Germinet, homme instruit et modeste, possédant à fond la