Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/610

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



électrique dans une bien plus grande proportion[1].

L’éclairage électrique de la lanterne d’un phare, nécessite une machine à vapeur, une machine dynamo-électrique, ou une machine magnéto-électrique et un appareil particulier, qui diffère de la lanterne à échelons, éclairée par une lampe à huile minérale.

La machine à vapeur qui sert, dans les phares électriques, à actionner la machine dynamo-électrique est, dans les phares français, une locomobile. Dans les phares étrangers, c’est le plus souvent une machine compound, horizontale, au sujet de laquelle il serait inutile d’entrer dans aucune explication.

Quant à la machine destinée à produire le courant électrique, comme les bougies Jablochkoff (c’est-à-dire sans régulateur) sont seules employées dans les phares français, et que les bougies Jablochkoff ne peuvent fonctionner qu’avec des courants électriques alternatifs, les machines magnéto-électriques, qui produisent des courants alternatifs, sont de rigueur.

On sait qu’une machine magnéto-électrique résulte de l’emploi des aimants, naturels jouant le rôle d’inducteurs.

Ainsi qu’il a été dit dans la Notice sur les Phares, des Merveilles de la science, l’ancienne machine magnéto-électrique de l’Alliance est la première qui ait été employée dans les phares.

Cette machine, que nous représentons dans la figure 458, est composée d’un certain nombre de rouleaux en bronze, C, armés à leur circonférence de 16 bobines d’induction chacun. Ces rouleaux, fixés sur un arbre horizontal, actionné par le moteur, tournent entre huit gros aimants permanents, en fer à cheval B, B. Comme chaque aimant a deux pôles, une série présente 16 pôles régulièrement espacés ; il y a donc autant de pôles que de bobines, de telle sorte que, quand l’une d’elles est en face d’un pôle, les 15 autres se trouvent également en face des pôles correspondants. Le courant produit arrive aux charbons en traversant le régulateur R.

On sait que l’inégalité d’usure des deux charbons, dans la bougie Jablochkoff, est prévenue, comme nous l’avons dit plusieurs fois, par ce fait que la lampe reçoit des courants alternativement positifs et négatifs.

Les machines de l’Alliance furent employées aux phares de la Hève, du cap Gris-Nez, à Cronstadt, à Odessa, mais les variations d’intensité lumineuse furent trouvées trop considérables, et cet appareil est remplacé, de nos jours, par celui que construit en Belgique et en France, M. de Méritens, et qui n’est qu’une heureuse modification de la machine primitive de l’Alliance.

Dans le tome Ier de ce Supplément[2], nous avons donné la description et le dessin de la machine magnéto-électrique de M. de Méritens, appliquée à l’éclairage électrique dans les usines et manufactures. Nous représentons ici (fig. 459) la machine magnéto-électrique de M. de Méritens, en usage dans les phares. Elle se compose d’une série d’aimants permanents A, A′, A″ placés horizontalement, et d’un induit, formé de bobines, bb′, en nombre double des aimants. L’induit est monté sur une roue en bronze, les aimants permanents sont fixés sur deux carcasses également en bronze.

Les machines magnéto-électriques employées pour produire le courant avec les bougies Jablochkoff, donnent de très bons résultats dans les phares.

Une des plus intéressantes applications des machines dynamo-électriques de M. de Méritens, a été réalisée pour l’éclairage du pont de Forth, en Angleterre, en 1887.

  1. Allard, les Phares, 1 vol. in-4o, avec figures et planches. Paris, 1890, chez Rothschild (p. 383).
  2. Supplément à l’électro-magnétisme (p. 449-450 ; fig. 389).