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ainsi séparées de l’argile par une épaisseur suffisante de gravier.

C’est sur ce sol solide qu’on posa les fondations, consistant en quatre piles de maçonnerie. Les fondations ont été faites au moyen de l’air comprimé, à l’aide de caissons en tôle, de 6 mètres de long, sur 16 de large, au nombre de quatre pour chaque pile.

Connaissant bien les bases sur lesquelles repose la tour, nous pouvons en décrire les différentes parties.

Pour arriver à la première plate-forme, qui est à 58 mètres du sol, on peut se passer d’ascenseur. La montée est si douce et si facile, les marches qui conduisent à la première plate-forme, sont si larges et d’une si faible pente, qu’il serait vraiment fâcheux de se priver du spectacle charmant que donne cette ascension. Dix minutes suffisent pour franchir les 350 marches, et l’œil est incessamment charmé du spectacle qu’il rencontre jusqu’à la première plate-forme.

Cette surface est immense, elle ne mesure pas moins de 4 200 mètres carrés. La partie centrale, qui est à jour, sur une étendue de 900 mètres carrés, permet de plonger le regard dans l’intervalle des quatre piliers, et de mesurer la hauteur à laquelle on se trouve, tout en ayant le spectacle des constructions qui ont été conservées dans le Champ de Mars.

On a inscrit sur la frise qui environne le premier étage, les noms des ingénieurs et des savants français qui ont le plus contribué au progrès des sciences, dans notre siècle.

La plate-forme, qui peut recevoir mille visiteurs, se compose d’une partie centrale, où l’on avait installé, pendant l’Exposition de 1889, quatre restaurants : un restaurant français, un bar flamand, un restaurant russe et un buffet anglo-américain. Ces quatre établissements étaient entourés d’une galerie-terrasse, qui recevait les promeneurs.

Aux quatre coins de la plate-forme se trouve le débouché des quatre ascenseurs qui permettent au visiteur timide de gravir sans fatigue cette hauteur.

Nous n’avons rien dit de cet ascenseur, ayant admis que nous ne nous sommes servis pour monter que de l’ascenseur dont nous a gratifié la nature. Nous ne pouvons cependant nous dispenser de décrire les appareils mécaniques qui servent à élever les amateurs, du sol au premier étage.

Deux systèmes différents remplissent cet office : l’ascenseur du système Roux et Combaluzier, et l’ascenseur américain de M. Otis.

MM. Roux et Combaluzier, constructeurs français, ont modifié l’ascenseur hydraulique en usage aujourd’hui dans les maisons particulières et les hôtels, de manière à l’adapter au cas particulier d’un élévateur obligé de suivre certaines inflexions dans sa course, et ne pouvant, dès lors, conserver la rigidité propre au piston des ascenseurs hydrauliques ordinaires.

Le piston articulé de MM. Roux et Combaluzier agit par compression, comme dans les ascenseurs à tige verticale ; seulement la tige est articulée. Il est, en effet, constitué par une série de petits pistons, ayant la forme de tiges à fourches, qui sont, en outre, munis de deux galets en chaque point d’attache.

Quand on introduit ce piston dans un conduit circulaire, il le parcourt sans difficulté, si l’on vient agir sur lui par refoulement. Il se courbe et serpente, en suivant les sinuosités de ce conduit, comme le ferait une chaîne tirée par son extrémité libre. Si l’on fixe ce piston au plancher d’une cabine d’ascenseur, et que l’on actionne ce piston par un moteur à vapeur installé au-dessous de la cage de l’ascenseur, on fera suivre à la cabine le chemin que l’on voudra, pourvu que le conduit dans lequel sera