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Le mouvement est donné à l’arbre au moyen de cônes de friction actionnés par un petit moteur électrique, placé sur la table qui supporte l’appareil.

Le courant est fourni par une ou deux piles au bichromate de potasse. Un régulateur très sensible maintient une vitesse uniforme.

On commence par faire manœuvrer la raclette, pour nettoyer le cylindre en cire ; puis on arrête sa marche, et on place la pièce qui porte les diaphragmes dans la position de départ, en mettant en action le récepteur seul. On donne alors le mouvement au cylindre, qui tourne devant la pointe.

Lorsque l’impression est terminée, on arrête la machine, on ramène l’appareil au départ, et on remplace le récepteur par le transmetteur. La pointe repasse par les empreintes laissées sur le cylindre, et reproduit dans le diaphragme les vibrations correspondantes.

Les résultats sont assez satisfaisants. L’articulation est nette et distincte, ainsi que la reproduction des inflexions de la parole, du ton et des modulations. Cela est dû à la régularité du mouvement et à la propriété que possède le cylindre de cire de recevoir les empreintes et à la délicatesse du récepteur.

On voit dans la figure 474, (page 649), l’opérateur inscrivant les sons de la voix dans le nouveau phonographe.

Cet appareil fonctionna à Bath, pendant la réunion de l’Association britannique, qui se tint dans cette ville au mois de septembre 1888.

Les physiciens anglais et étrangers reconnurent que le transport de la voix n’était pas à mettre en doute, et que sa conservation indéfinie est un fait acquis. Cependant la reproduction de la parole n’est parfaite qu’à la condition de mettre à son oreille deux tuyaux acoustiques, terminés chacun par une petite ampoule de verre : ce qui est un pas en arrière, car dans le phonographe primitif la voix se faisait entendre sans l’emploi d’aucun cornet acoustique.

On peut embrancher plusieurs paires de petits tubes acoustiques sur un tube unique, mais plus le nombre des auditeurs est grand, moins bien on entend. Si la parole de l’opérateur est nette et rigoureuse, l’effet de la reproduction par l’instrument est parfait et produit l’illusion des sons de la voix et du chant.

Mais le phonographe ne peut rendre que ce qu’on lui à confié : le son ne s’améliore point parce qu’on l’a mis en bouteille. C’est ce qui fait que quelques personnes ont cru que le phonographe jouait faux, et chantait faux.

Pour juger de sa véritable puissance de reproduction, il ne faut pas s’en rapporter aux phonogrammes qui nous viennent d’Amérique, il faudrait avoir sous l’oreille les sons originaux et leur reproduction dans les tubes phonographiques.

Le phonographe peut parler fort, et se faire entendre de toute une salle. Mais il faut se servir d’un porte-voix, qui donne une sorte de voix de polichinelle. Pour entendre la reproduction parfaite de sons originaux, il faut mettre, comme nous le disons plus haut, à son oreille deux tuyaux acoustiques, terminés chacun par une ampoule en verre.

Cependant, lorsqu’on est en tête à tête avec le phonographe, et que l’impression a été vigoureuse, bien nette et bien entaillée sur la cire, par une émission vigoureuse, l’effet est excellent.

Le nombre de mots qu’on peut mettre sur le tube qui reçoit les empreintes, peut aller jusqu’à mille. Mais un long discours ne serait pas entendu facilement. On devra donc se borner à des morceaux assez courts, et parfaitement prononcés. Si on veut se faire entendre dans toute l’étendue d’une salle,