Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/658

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la voix de M. Harrison, le président actuel. Comme il ne peut quitter le sol de l’Union pendant toute la durée de sa législature, le représentant d’Edison en Europe a eu raison de dire, que c’était la première fois qu’on entendait de ce côté de l’Atlantique des paroles prononcées par l’hôte de la Maison-Blanche.

On doit dire cependant, pour rendre hommage à la vérité, que les articulations laissaient à désirer. Quoique M. Harrisson ait la voix faible, cette circonstance n’aurait pas nui, si l’honorable président avait parlé avec une netteté suffisante. Ce n’est pas tant le volume de la voix, que la modulation des sons qui est indispensable. Le phonographe rendra aux orateurs, aux acteurs et aux hommes d’État, la même nature de services qu’un miroir aux coquettes.

Le mariage de M. Stanley, qui a été célébré le 12 juillet 1890, à l’abbaye de Westminster, avec une pompe royale, a donné lieu à d’autres expériences phonographiques internationales. Deux phonographes ont été placés dans l’abbaye de Westminster, pendant la cérémonie. L’un d’eux, mis en opération près de l’orgue, a reçu l’impression de la marche nuptiale. Il a été remis au célèbre explorateur comme un cadeau de noces de M. Edison. L’autre restera dans les mains de M. le colonel Gouraud, qui s’en servira dans sa communication à l’Association britannique dans sa session du mois de septembre. On l’a fait fonctionner dans le clocher, et il a conservé l’impression du joyeux carillonnage.

Nous pensons que ces sonneries, dont on dit merveille, viendront à Paris, et retentiront aux oreilles des membres de l’Académie des sciences.

Mme  Patti avait toujours refusé obstinément de chanter dans un phonographe. Les journaux américains prétendent qu’à Chicago même, le jour où elle a eu tant de succès à l’auditorium, on est parvenu, à l’aide d’un phonographe bien placé et habilement dissimulé, à lui voler ses plus belles notes. Si cela n’est pas vrai, c’est au moins bien trouvé.

Une curieuse application industrielle du phonographe a vu le jour en 1890. Nous voulons parler de la poupée phonographe, qui fit fureur en Amérique, à cette époque. Nous allons décrire, avec les figures à l’appui, cette amusante application.

Fig. 476. — La poupée phonographe.

On voit dans la figure 476 la poupée, qui ressemble à tous les jouets de ce genre. Voici en quoi consiste le mécanisme qui la fait parler.

Fig. 477. — La poupée nue.

Le corps est en fer-blanc, l’intérieur est creux, la partie supérieure de la poitrine est disposée comme un fond d’écumoire, percée de trous nombreux et d’assez fort calibre. Voilà pour le contenant.