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non impressionnée. On passe le rouleau chargé de noir lithographique sur ce cliché même. L’encre adhère partout où la gélatine est sèche, par suite de son imperméabilité à l’eau ; tandis qu’elle est repoussée dans les parties humides où la gélatine non impressionnée par la lumière a conservé la propriété d’absorber l’eau. On fait ensuite un report de ce papier sur la pierre lithographique, et on tire à la presse lithographique.

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que ce dernier procédé est préférable ; car le maniement d’une pierre lithographique, toujours si lourde et si encombrante, crée bien des difficultés aux opérateurs.

Ajoutons que l’on n’obtient guère par la photolithographie que des reproductions de simples dessins au trait, et qu’il est bien rare de pouvoir reproduire ainsi des dessins à demi-teintes, c’est-à-dire les véritables œuvres de l’art du dessin.

photoglyptie.

On reproche à la litho-photographie de ne fournir qu’un nombre très limité d’épreuves, la planche étant vite hors de service. C’est pour réaliser les grands tirages d’épreuves de photographie que l’industrie met depuis assez longtemps en pratique une méthode que nous avons longuement décrite dans les Merveilles de la science[1] et qu’il nous suffira de rappeler.

Fig. 73. — Presse pour le tirage des photolithographies.

Il s’agit de la photoglyptie, cette curieuse méthode découverte par l’anglais Woodbury.

Le principe de la photoglyptie de Woodbury, c’est qu’un cliché photographique en gélatine, obtenu par le procédé de Poitevin, c’est-à-dire par l’action de la lumière sur le bichromate de potasse, étant soumis à une pression considérable, sous la presse hydraulique, en contact avec un bloc de plomb, imprime sur le métal tous ses creux et reliefs ; et que l’empreinte ainsi formée étant reproduite par la galvanoplastie donne des clichés en creux, qui servent à un très grand tirage.

Voici comment ce procédé est mis en pratique aujourd’hui, dans la maison Goupil, à Paris.

On commence par prendre une épreuve positive de l’objet à reproduire, sur une lame de gélatine bichromatée, en exposant la couche sensible de gélatine sous un négatif ; on développe l’image à l’eau tiède, et l’on a un cliché, sur lequel les reliefs de gélatine représentent les ombres. On place ce cliché de gélatine sur une feuille de plomb, et on le soumet à une forte pression, à l’aide d’une presse ou d’un laminoir ; ce qui permet d’obtenir des planches de grandes dimensions. La gélatine est d’une telle dureté, qu’au lieu de s’écraser sous la presse, elle pénètre dans le plomb, et y laisse son empreinte.

Mais le plomb n’est pas assez dur pour servir au tirage d’une presse typographique.

  1. Tome III, pages 141-142.