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des chambres obscures servait à prendre une vue en plan, tandis que le centre prenait des vues panoramiques. La nacelle photographique était attachée au cercle du ballon, par une suspension à la Cardan, pour lui assurer la position constamment verticale. Un fil électrique, qui se déroulait sur un chevalet, à mesure que le ballon montait, reliait les objectifs des chambres noires à une pile. Un commutateur électrique placé à terre, étant manœuvré par l’opérateur, permettait de découvrir instantanément les obturateurs dans la nacelle de l’aérostat. Le photographe resté à terre, quand il jugeait le ballon captif arrivé à la hauteur suffisante, faisait manœuvrer le commutateur, et découvrait les obturateurs. On pouvait prendre ainsi des vues en plan, en panorama, ou des vues horizontales.

Les épreuves en plan et horizontales réussirent seules.

Cependant il était fort incommode d’avoir à dérouler un fil de cuivre allant de la terre à un ballon captif. On peut affirmer, sans crainte d’être démenti, qu’un tel procédé n’avait rien de pratique.

Après M. Triboulet, beaucoup de photographes ont pris des épreuves de paysages du haut d’un ballon ; mais le ballon était libre. Le photographe s’installait dans la nacelle, et il découvrait l’obturateur à la manière ordinaire, c’est-à-dire avec la poire de caoutchouc, qui produit un déclanchement instantané.

C’est ainsi qu’ont opéré M. Paul Desmarest, à Rouen, en 1880 ; MM. Glaisher, à Boston ; M. Shalbodt, à Londres, en 1883 ; enfin, en 1885, MM. Georget et Renard, ce dernier attaché, comme on le sait, à l’école aérostatique militaire de Meudon, et M. le commandant Fribourg, qui appartient à la même école.

Au mois de juin 1885, M. Gaston Tissandier, accompagné d’un amateur instruit, M. J. Ducom, prit en ballon des vues panoramiques, qui furent présentées à l’Académie des sciences, où elles excitèrent beaucoup de curiosité.

M. Gaston Tissandier s’était placé dans la nacelle d’un ballon captif, et avait disposé une chambre obscure ordinaire sur une planchette mobile, qui pouvait prendre toutes les positions sur l’horizon. Il put ainsi obtenir des vues en panorama, en plan, ou horizontales. L’obturateur était découvert instantanément, par le procédé ordinaire. À des altitudes de 600 à 1 100 mètres, on obtint plusieurs clichés bien réussis.

Cette expédition aérienne eut lieu le 19 juin 1885, dans l’aérostat le Commandant Rivière, cubant 1 000 mètres. M. J. Ducom s’occupait spécialement de la partie photographique de l’expérience, tandis que M. Tissandier prenait soin de l’aérostat ; M. G. Prus, ingénieur des arts et manufactures, les accompagnait.

L’appareil photographique, disposé sur le bord de la nacelle, de manière à pivoter sur son axe et à être fixé verticalement, était une chambre dite de touriste (13 × 18), à soufflet tournant. L’objectif était un rectiligne rapide no 4, de 36 centimètres de foyer. Il fut employé avec un diaphragme de 26 millimètres, son ouverture étant de 36 millimètres. Les photographies furent successivement faites avec un obturateur de M. Français, avec une guillotine à déclanchement pneumatique et à ressort de caoutchouc, tout spécialement construite pour cette expédition. Ce système donne un temps de pose d’un cinquantième de seconde.

L’agent photogénique était le gélatino-bromure d’argent. Le départ eut lieu à 1 heure 40 minutes de l’après-midi, par un vent sud-ouest, la direction étant nord-est.

Dix minutes après l’ascension, une première photographie fut exécutée, à 670 mètres, au-dessus de la rue de Babylone et