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duisaient des estampes avec une grande fidélité, et avec l’avantage de pouvoir suffire à de grands tirages.

Les procédés employés à l’origine par ces artistes ont subi de nos jours peu de changements. Nous les avons longuement décrits dans les Merveilles de la science[1]. Il nous suffira de les rappeler.

Le procédé consistait à prendre une planche de cuivre ou d’acier, à la recouvrir de gélatine bichromatée, à impressionner la gélatine, pour avoir un cliché négatif, puis à laver la planche à l’eau chaude, pour développer l’image. Comme nous l’avons dit ci-dessus, on obtient ainsi une impression en creux de la planche. Ensuite on recouvre la plaque métallique de plombagine, et on la porte dans un bain de galvanoplastie, pour obtenir une épreuve de cuivre en creux.

Cependant, les occasions de reproduire des estampes ou d’obtenir des gravures sur acier ou sur cuivre, par les procédés photographiques, se présentent rarement. D’un autre côté, le gillotage et la photo-gravure directe, qui donnent des clichés en creux ou en relief, propres à la typographie, sont d’un emploi si avantageux, par leur économie et la promptitude de leur exécution, qu’ils ont fait renoncer à la gravure photographique en creux, beaucoup plus difficile et d’un débouché peu étendu. Cette branche de la gravure photographique a donc perdu aujourd’hui presque toute importance ; ce qui nous dispense de nous y arrêter plus longtemps.


CHAPITRE XIII

la photographie en ballon. — résultats obtenus par m. nadar en 1868, par m. dagron en 1878. — l’appareil à déclanchement électrique de m. triboulet. — ascensions en ballon captif et en ballon libre entreprises récemment, pour obtenir des vues aériennes.

C’est M. Nadar père qui, le premier, tenta de prendre en ballon des vues photographiques. Ses expériences eurent lieu en 1868, avec le ballon captif de Giffard, qui se trouvait alors à l’Hippodrome du bois de Boulogne.

En 1878, M. Dagron, le même photographe qui s’est rendu célèbre par l’exécution de ces photographies microscopiques que l’on enfermait dans le chaton d’une bague, ou sur la tête d’une épingle à cravate, et qui rendirent, pendant le siège de Paris, les immenses services que nous avons signalés dans notre Supplément aux Aérostats, exécuta, du haut du ballon captif de Giffard, alors établi dans la cour du palais des Tuileries, des vues aériennes du quartier du Panthéon.

Cependant, on ne possédait alors que le collodion et l’albumine, comme agents photogéniques. La découverte du gélatino-bromure d’argent, agent instantané, vint rendre plus facile ce curieux genre de reproductions de la nature.

C’est un photographe de Paris, M. Triboulet, qui, en 1879, exécuta les premières photographies aériennes irréprochables, grâce à un appareil qui permettait de prendre d’un seul coup l’image de tout le tour de l’horizon, ainsi que les portions de terrain situées au-dessous de la nacelle du ballon.

L’appareil de M. Triboulet se composait de six chambres obscures, disposées en cercle, et placées dans une nacelle percée d’ouvertures, pour donner passage aux objectifs. Une septième chambre noire placée verticalement au centre de la couronne

  1. Tome III, p. 131-142.