Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/90

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La construction des groupes d’usines dans lesquels on exécute les diverses opérations de fabrication des poudres est soumise à des règles spéciales, en prévision des accidents que cette fabrication peut causer.

Les bâtiments doivent être isolés les uns des autres, de manière qu’une explosion survenant dans l’un d’eux n’entraîne pas la destruction du reste de la poudrerie.

Un groupe d’usines comprend généralement, comme le montre la figure 94, deux compartiments dans lesquels sont installés les appareils de fabrication et qui sont séparés par une salle exclusivement affectée au câble de transmission de la force.

Chaque usine est construite avec deux murs forts, en maçonnerie, de 1 mètre d’épaisseur, et deux côtés faibles, soit en bois, soit en tôle, d’une grande légèreté, qui offrent, ainsi que la toiture, le moins de résistance possible, en cas d’explosion. Il en résulte que toute la violence du choc porte dans une direction déterminée, et que le compartiment voisin ainsi que les chemins de service sont absolument protégés.

Les murs forts sont, en outre, reliés, soit l’un à l’autre au moyen de poutrelles en fer qui traversent le cabinet des transmissions, soit à un mur supplémentaire, dit mur de masque, qui forme une galerie couverte où se tiennent les ouvriers chargés de la surveillance.

La plupart des usines sont construites en bois ; mais comme, en cas d’explosion, les débris de bois enflammés projetés au loin peuvent porter l’incendie dans toutes les parties de l’établissement, on cherche aujourd’hui à construire ces usines avec charpente, devanture et couverture entièrement métallique.

C’est dans cet atelier que sont installés les appareils nécessaires à la fabrication de la poudre. Quand le mélange des trois éléments est fait, on soumet les galettes à l’action de presses hydrauliques. À cet effet, le mélange est versé dans un cadre en bois, qui a 70 centimètres de côté et 3 centimètres de hauteur. Ce cadre est évasé de façon à donner à la couche de poudre la forme d’un tronc de pyramide quadrangulaire. On recouvre le cadre et la poudre qui y est contenue avec une toile de chanvre et on place le tout sous le piston d’une presse hydraulique. Cette presse agit lentement, progressivement ; sa force varie de 20 à 30 kilogrammes par centimètre carré de matière.

Voilà la galette préparée ; il faut maintenant la diviser en grains. La grosseur de ces grains varie, suivant que l’on veut obtenir telle ou telle poudre à canon ou à fusil. Le grenage s’opère, comme nous l’avons indiqué dans les Merveilles de la Science, dans une tonne-grenoir. On lisse ensuite les grains, pour les polir, arrondir leurs angles et boucher leurs pores.

Nous avons décrit les tonnes de lissage à deux compartiments et les trémies au travers desquelles on fait passer la matière. Aujourd’hui, la charge d’un compartiment atteint 400 kilogrammes et la vitesse de rotation va jusqu’à vingt tours par minute.

Les conditions dans lesquelles s’opère le séchage n’ont pas été modifiées depuis 1870, sauf que l’on ne se sert plus que du séchage artificiel, et que l’on emploie, pour l’époussetage, des tamis à fond de toile métallique percés de trous plus ou moins gros suivant que l’on veut obtenir telle ou telle poudre.

La poudre, ainsi préparée, était enfermée autrefois dans des doubles barils. On la place maintenant dans des caisses rectangulaires en bois, qui sont, sur leur surface extérieure, recouvertes d’une enveloppe en zinc, et que l’on enferme dans une deuxième caisse en bois, un peu plus grande. Chacune de ces caisses vides pèse 30 kilogrammes ; on y introduit 50 kilogrammes de poudre.