Quand ils se furent éloignés, Laure se jetant dans les bras de Lucille lui dit :
— J’en avais le pressentiment que toutes ces larmes versées à cause de moi, seraient l’instrument de mon malheur. Comme il eût mieux valu que je ne me fusse jamais trouvée entre vous deux. Vous seriez maintenant heureux, et peut-être le serai-je davantage. J’aurais dû obéir à ce pressentiment et avoir le courage d’éloigner Alexandre.
Et Lucille de lui répondre :
— Si vous voulez travailler, ne pas devenir une vieille radoteuse désagréable, il vous faut à tout prix oublier le passé. Nous vous voulons heureuse, votre bonheur sera le nôtre.
La jeune fille soupire :
— Si au moins j’avais l’espérance de les réconcilier.
Nous prierons ! le bon Dieu ne pourra vous refuser cette grâce, mais pour cela il faudra vous montrer courageuse.
— Il y aura des luttes à soutenir, beaucoup de diplomatie à déployer. Chaque fois que vous voudrez tenter une démarche dans ce sens, vous devrez d’abord vous mettre à la place de l’un ou de l’autre, afin de ménager leur susceptibilité. La tâche sera dure, mais pour le bonheur de tous, nous devons la mener à bonne fin.
Elles ont comme cela ensemble, assez souvent, des conversations sérieuses que Lucille écarte autant qu’il lui est possible, elle constate que Laure n’est pas remise tout à fait. Il y a une fêlure dans