pas eu le courage d’affronter la rue par cette chaleur de 90° degrés. Les quelques jeunes filles inoccupées qui auraient pu suivre leur conversation, étaient nonchalamment abandonnées sur leurs bancs. N’en avaient-elles pas assez d’être enfermées là ? Que leur importaient les paroles échangées entre la « Belle » comme elles l’appelaient, non sans envie, et ce jeune homme inconnu ?
Il appuya ses coudes au comptoir, elle se rejette un peu en arrière, et bientôt elle s’éloigne pour empaqueter le parfum, elle revient et lui présente le paquet ; il le saisit et le dépose aussitôt devant lui. Une seconde il la regarde intensément et articule surpris lui-même de son audace :
— Vous vous appelez Rose ou Blanche ?
Elle sourit amusée et finit par lui répondre :
— Laure.
Il répète à mi-voix, Laure. C’est bien trouvé, continue-t-il, mais vous écrirez LAURE.
De nouveau, elle sourit en signe d’assentiment et deux fossettes se creusent dans ses joues blanches et roses qui sont encore plus d’une enfant que d’une jeune fille.
Comme elle ne paraissait pas se formaliser de son interrogatoire, il eut la témérité d’ajouter :
— Laure ?
— Laure Lavoise.
Et un petit tremblement de ses cils avait suivi cette réponse.
— Ne me trouvez-vous pas bien mal élevé, dit-il en guise d’excuse ?