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sans se dévêtir, et ce fut son tour de demeurer muette à toutes les questions dont l’assaillait sa mère.

Elle s’endormit brisée de cette journée si riche en émotions. À plusieurs reprises elle s’éveilla à demi, elle gémissait comme écrasée sous un fardeau trop lourd. Chaque fois qu’elle entr’ouvrait les yeux, elle retrouvait la lumière allumée, et sa mère dont les yeux l’interrogeaient. Elle détournait la tête et s’efforçait de sombrer à nouveau dans le sommeil.

À huit heures et demie, elle n’était pas encore levée, quand elle entendit gratter à la porte. Elle mit son long peignoir bleu et montra son nez dans l’entre-baillement. Elle allait demander ce qu’on lui voulait, on lui tendit silencieusement une lettre, elles questionna :

— Attend-on une réponse ?

— Non, le Monsieur qui est venu, le Monsieur que vous connaissez, avait l’air bien pressé et bien préoccupé. Il n’a même pas répondu à mes questions et s’en est allé tout de suite.

La personne qui avait apporté cette lettre, prit pour débiter ce discours un petit air pincé, ne fallait-il pas qu’elle soulignât son importance ? C’était peut-être aussi sa manière de montrer son mécontentement. Elle ne dit pas à Laure Lavoise qu’elle avait posé des questions à Alexandre, des questions joliment indiscrètes sur son compte. El-