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Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/119

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refusait leur offre désintéressée, elle acceptait pour le jour où fatiguée de la vie, elle aurait besoin de repos. Elle donnait des nouvelles de sa mère, et terminait en les assurant que tout allait pour le mieux.

À la longue Madame des Orties se prit à aimer le logis choisi par sa fille. Il était petit, mais personnellement, elle était presque aussi bien installée qu’autrefois. Elle ne pouvait se faire à l’idée que Pierrette ne souffrît pas de tous ces changements bien qu’elle l’en assurât.

Devant le dévouement et l’entrain de sa jeune fille qui ne se démentaient pas, Madame des Orties sentait progressivement renaître son courage, et en venait même à s’intéresser à leur nouveau genre de vie.

Elle reprenait peu à peu ses habitudes de vie sociale. Après la catastrophe, orgueil blessé, amour-propre chatouilleux, craignant d’entendre des allusions désagréables, elle avait refusé sa porte à ses meilleures amies. Le prétexte était tout trouvé : sa santé avait été trop fortement ébranlée. Pierrette voyait avec plaisir se dessiner ces améliorations. Elle avait craint un temps que la solitude ne devînt dangereuse pour la santé morale de sa mère ; de ce côté aussi l’horizon s’éclaircissait.

Un soir, Pierrette se rendit chez le Père X… et lui remit le bandeau de diamants.

Le bon Père se récusait :

— Je ne puis accepter un objet d’une telle valeur, autrefois vous pouviez faire de ces largesses, mais maintenant !

— Mon Père, je vous prie de l’accepter. Vous le mettrez en râfle. Il vous rapportera un montant assez considérable.

— Vous pourriez le vendre, mon enfant.

— Le vendre ! j’espère bien n’être jamais réduite à cette extrémité. Mais ce bijou serait le dernier que je me résignerais à échanger pour de l’argent.

— Enfin, puisque vous y tenez, soit.