Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 120 —

— C’est très bien, mon Père, je ne disais cela que pour badiner. Gardez-le pour vos œuvres.

— Non, par exemple ! Je vous ai dit de venir le chercher, obéissez.

— C’est bien, j’irai et je vous remercie.

Un soir, en entrant de son travail, Pierrette sonne au monastère et demande le Père X…

Et ce bijou dont elle avait cru se débarrasser à tout jamais, redevint sa propriété.

Elle le mit avec les autres bijoux de valeur et dit à sa mère :

— Si jamais vous êtes sollicitée au profit d’une œuvre de charité, et que vous n’ayez pas d’argent, n’hésitez pas, donnez-le.


* * * *


L’été est beau mais il fait bien chaud. Pierrette, malgré son énergie, trouve la vie plus difficile qu’elle ne l’était les années précédentes quand elle n’avait qu’à se promener sur la grève. Tous les jours le même soleil chaud qui amollit l’asphalte, sèche les rues aussitôt arrosées, ce vent qui soulève un nuage de poussière et de microbes, un orage qui éclate à la sortie du bureau, tous ces inconvénients journaliers auxquels elle n’était pas habituée lui pèsent un peu.

Pourtant un rien suffit à lui faire plaisir. Ce matin, en entrant, elle a trouvé une lettre de son cousin, il lui annonce sa visite prochaine. Elle en est heureuse, ce sera une agréable diversion, mais elle songe en même temps qu’elle ne pourra pas s’occuper de lui comme autrefois. Ah ! cet autrefois qui revient sans cesse en parallèle avec le présent, comme elle voudrait l’abolir. Elle se promet tout de même de profiter de sa venue pour s’amuser. Elle espère que sa présence fera fuir cette sensation d’ennui qu’elle éprouve depuis quelques semaines, et qui se fait plus intense au milieu des amusements que durant ses longues heures de travail.