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CHAPITRE ONZIÈME

COUP DE FOUDRE


À force d’économies, Pierrette avait réussi à rétablir son budget. Elle ne devait plus rien à personne, aussi avait-elle repris autant que possible sa vie mondaine, elle était surprise cependant de ne plus savoir y mettre l’entrain d’autrefois.

Un dimanche, le Père X… l’appela au téléphone : elle avait eu la chance de tirer le numéro gagnant de sa parure de diamants. Elle fut toute surprise, elle l’avait presque oubliée, cette parure.

— Venez la chercher, mon enfant, elle est doublement à vous : le bon Dieu ne voulait pas vous en priver.

— Mais qu’en ferai-je maintenant, mon Père ?

— Plus tard, attendez. Dieu vous fournira peut-être l’occasion de vous en servir. Ses desseins sont impénétrables.

— Vous avez triché, mon Père, ajouta Pierrette d’une voix taquine. Vous ne vouliez pas que je me départisse de ces diamants me croyant toujours un peu coquette, d’ailleurs comme toutes les jeunes filles.

— Non, mon enfant, vous pouvez consulter vos compagnes. Nous avons choisi pour faire le tirage un soir où vous n’étiez pas là, afin de vous ménager. Nous n’ignorions pas que de voir une autre s’éloigner avec ce diadème, porté une seule fois, pouvait vous être une souffrance. Demandez à Jacqueline, elle vous dira qu’elle a plongé la main dans la grande boîte de carton que vous connaissez, celle où avaient été disposés les billets, et que le vôtre, acheté les premiers jours, s’est trouvé le premier sous ses doigts.