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ce, à son amour. Si comme lui, elle eut été tout occupée de son amour aurait-elle entendu les mots malveillants, certes non. Elle ne voudrait donc jamais comprendre qu’il l’aimait réellement et profondément.

C’est samedi l’après-midi, il y a une partie de tennis : Pierrette est libre, ses sandales attachées à sa raquette, sa robe de soie de l’année précédente, un bandeau blanc retenant ses cheveux, elle se dirige de son pas décidé dans la direction du court.

Elle arrive, chausse les sandales. Quelques minutes plus tard le jeu commence.

Dans l’entraînement de la lutte pour la victoire finale, Pierrette n’a pas remarqué un nouvel arrivé. Comme elle laissait tomber sa raquette et se disposait à se retirer, elle entend une voix connue :

— Pierrette, joues-tu la prochaine partie avec moi ?

Elle relève la tête, et sans une minute d’hésitation, refuse cette invite :

— Charlie, je te remercie, mais c’est impossible, je rentre.

Tout en parlant elle a remis ses souliers de ville et se dispose à laisser le court après un amical au revoir à ses compagnes et à ses compagnons.

— Au moins, implore Charlie, permets-moi de t’accompagner.

Il s’est approché tout près afin que sa supplique ne soit pas entendue de tous.

Pierrette fait un signe de tête affirmatif.

Il règle son pas sur le sien, et la conduit jusqu’à l’auto stationnée un peu plus loin.

— Aimerais-tu faire une promenade avant d’entrer ?

— Non, merci Charlie.

Il pensait qu’elle prendrait place au volant, il le lui offrit même, mais elle s’y refusa obstinément.

Les deux mains croisées sur sa robe blanche, elle regardait par la portière évitant de se tourner du côté de son compagnon : elle semblait craindre de l’entendre rompre le silence.