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La musique se mit de la partie, ils exécutèrent des valses. Pierrette voulait revenir assez tôt chez elle car ils étaient invités à une soirée.

Une dernière fois, ils s’élancèrent penchés, fermèrent la boucle et laissèrent le rond à patiner.

M. de Morais prit congé de Pierrette sur un affectueux au revoir.

Pas une minute il ne lui vint à l’esprit de refuser à Guy de Morais cette soirée, tant était grand son pouvoir de séduction : quand elle le voyait, rien autre ne subsistait plus pour elle.

Au souper, sa mère la trouva plus animée qu’elle ne l’avait vue de longtemps.

— Maman, demanda-t-elle, en se levant de table, êtes-vous libre jusqu’à huit heures, nous causerions ensemble, j’avais pris goût à notre vie à deux, je dois sortir, nous sommes invités chez les Voisin, ce soir.

— Est-ce bien nécessaire que tu acceptes ? chérie, si tu allais prendre froid au sortir de cette soirée. N’oublie pas que tu n’es pas complètement remise.

— Au contraire, maman, je crois que je suis aussi forte qu’autrefois, il ne me reste plus qu’à reprendre mes habitudes de jeune fille du monde, j’étais en train de devenir casanière.

Sa mère heureuse de la voir plus gaie, n’osa pas insister. Quel sacrifice aurait-elle refusé quand il s’agissait du bonheur de cette enfant ?

— Si tu voulais, Pierrette, nous irions dans ta chambre, je présiderais à ta toilette. Pendant quelques instants je pourrais te croire redevenue enfant.

Pierrette sortit une robe verte, parée d’une guipure sans prix, elle était longue et moulait son corps souple.

Sa mère se rendit elle-même à la garde-robe et en tira une robe ivoire, longue et un peu plus ample que la première.

Pierrette y jeta un coup d’œil.

— Oh ! non, maman pas celle-là, dit-elle véhémente.

Elle venait de lui rappeler trop brusquement sa dernière sortie avec Charlie, et la robe de ce même ton