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pâle qu’il aimait tant. Ce souvenir la poursuivait avec une telle insistance qu’elle évitait avec soin tout ce qui pouvait l’alimenter, elle aurait tant voulu abolir ce passé.

Sa mère surprise n’insista pas. Pourtant, elle était un peu étonnée de constater un tel changement chez son enfant, elle avait toujours connu Pierrette disposée à mettre n’importe quelle parure pour faire plaisir, soit à elle-même soit à Charlie.

— Mets ta robe verte, mon enfant, dit-elle quelques instants après. Au fait, M. de Morais t’a peut-être demandé cette toilette.

— Non, ajouta Pierrette, il m’a dît l’autre jour qu’il me trouvait toujours bien, telle que je me mettais, et qu’il préférait le charme de l’imprévu.

La maman plaça, de ses mains, à l’épaule de sa fille une rose thé merveilleusement imitée du naturel, attacha le collier d’améthystes à son cou.

M. de Morais lui sut gré d’avoir mis pour lui cette parure qu’il lui avait offerte.

Elle avait ce soir un chapeau vert qui dégageait le front. Dans le corridor avant de souhaiter le bonsoir à Mme des Orties, il retoucha lui-même une boucle de cheveux qu’il trouvait trop avancée.

Pierrette sourit et revint vers la glace.

— Vous êtes bien. Mademoiselle. Venez, ce n’était qu’une idée de moi.

L’auto attendait à la porte.

— Vous êtes bien couverte, vous n’allez pas vous enrhumer.

Elle s’amusa de tant de sollicitude.

Pierrette dansa toute la soirée avec entrain. Elle ne se contenta pas d’accepter Guy de Morais comme danseur. La soirée se termina à une heure avancée. La robe longue et verte laissait à découvert de mignons souliers de suède brun. Pierrette ne s’inquiétait nullement de sa mise, toute entière au délice du moment. Il y avait si longtemps qu’elle ne s’était amusée de la sorte. De plus, le coudoiement d’autres bonheurs, l’eni-