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vrement de la minute présente jetaient bien loin dans l’ombre Charlie, et sa conduite personnelle qui lui causait tant de remords.

À un moment, entre deux danses, comme elle était assise dans l’un des salons qui avaient été mis à la disposition des personnes âgées, et des couples qui désiraient un instant de repos, M. de Morais avait voulu lui conseiller de ne pas abuser de ses forces. Elle lui avait répondu qu’elle se reposerait après ; pour le moment : « Je jouis de ma soirée ». Elle était très entourée. Quand elle évoluait avec un autre jeune homme, Guy de Morais s’arrangeait de façon à ne pas la perdre de vue. Une valse se préparait, il vint l’inviter, et ils commencèrent à valser ensemble, tous deux souples, tous deux rompus au rythme entraînant, ils formaient un couple ravissant. Les joues de Pierrette étaient enflammées. À la dernière mesure, il l’attira un peu plus près de lui ; et lui dit d’un ton très doux :

— Consentez à revenir, c’est assez pour ce soir.

Elle se laissa docilement entraîner vers le salon, et s’assit sous les branches d’un palmier.

Le rose s’enfuit rapidement de ses joues. Sa poitrine était soulevée par une respiration précipitée. Vêtue de vert, entourée de vert, elle paraissait toute pâle. Guy de Morais en fut effrayé.

— Allez-vous vous trouver mal ? questionna-t-il inquiet.

— Non, répondit-elle lentement, deux minutes de repos, et je serai disposée à vous accorder une autre danse.

Cette fois il se fit autoritaire.

— Pour cela non. Nous resterons encore quelque temps, à condition que vous acceptiez de demeurer bien tranquille dans ce coin reposant.

Non loin d’eux, il y avait une porte dissimulée par une draperie, cette porte conduisait sous une véranda vitrée. Déjà des couples nombreux s’y promenaient.

— Voulez-vous changer d’air, la véranda est invitante, proposa-t-il.