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Sans paraître attacher d’importance à la réplique de son fils le père continua :

— Peux-tu me dire où tu as connu cette Laure Lavoise ?

Alexandre tressaillit. C’était le moment décisif, il ne devait manquer aucune occasion de faire valoir sa fiancée, ne pas exagérer non plus, s’il ne voulait pas irrémédiablement perdre sa cause, il se piquait de bien connaître son père.

— Au magasin, où elle travaillait.

— Ah, déjà si vieille, dit le père en déposant sa pipe, et en passant sa main dans ses cheveux bouclés, comme si les idées lui venaient du contact de ses doigts avec son cuir chevelu, il ajouta entre haut et bas :

— Et oui, dix-huit ans, tantôt.

— Mais papa, vous la connaissez donc.

— Non, je ne l’ai jamais vue, mais je connais sa mère.

— Ah ! fit Alexandre, sans rien trouver à ajouter. Cette découverte que son père et sa mère à elle se connaissaient lui fit craindre pour l’issue de cette discussion. Si son père s’était une fois mis dans la tête que son garçon ne marierait pas une Lavoise, rien ne saurait le faire changer d’idée. Il allait avoir à lutter contre un parti pris.

— Je comprends, tu allais vendre des colifichets dans ce magasin et tu l’as vue. Comment se fait-il que tu l’aies remarquée plutôt qu’une autre ? Quelle fatalité !…